son avenir et prit une officine de pharmacie, à laquelle il ajouta une fabrique de produits chimiques qui eut une grande extension. Nommé répétiteur de chimie à l’école polytechnique après la mort de Cluzel, il montra dans ces nouvelles fonctions toute l’habileté d’un manipulateur consommé. En 1811, il fut nommé professeur à l’école de pharmacie, puis il remplaça Vallée dans la chaire de matière médicale, et bien que les sciences naturelles n’eussent pas été l’objet spécial de ses études, il donna à ses leçons beaucoup d’éclat par les applications qu’il savait faire de la chimie et de la physique à l’étude des minéraux et à celle des drogues simples, applications fécondes, mais jusque-là peu pratiquées. Appelé par le suffrage de ses collègues à la place d’administrateur trésorier de l’école de pharmacie, il concourut beaucoup par son zèle et son activité à la prospérité de cet établissement. Ce fut dans cette période de sa vie qu’il publia le résultat de ses travaux les plus importants. Enfin, en 1834, il fut appelé à remplacer Chaptal à l’Académie des sciences. La joie qu’il ressentit de cette nomination fut si vive que sa santé, depuis longtemps profondément altérée, s’améliora presque subitement, et que ses infirmités semblèrent avoir disparu. Alors mettant autant d’empressement à justifier le choix de l’Académie que d’autres en mettent à l’obtenir, il consacra le reste de sa vie à des recherches dans son laboratoire, renonçant à toute espèce de relation de société, même au professorat, que dans les derniers temps ses infirmités renaissantes ne lui permirent plus de continuer. Il vint ainsi jusqu’au mois d’avril 1840, où, frappé subitement au milieu de ses travaux d’une affection cérébrale, il fut obligé de les interrompre et y succomba après quelques jours de souffrances, âgé de 60 ans. Les travaux de « Robiquet, a dit M. Chevreul, se recommandent par le nombre, la diversité des sujets, la délicatesse des procédés d’analyse immédiate, l’exactitude des expériences, la finesse et l’originalité même des aperçus, l’intérêt des résultats, portant souvent sur la science pure aussi bien que sur l’application ; enfin, tous se recommandent par l’extrême bonne foi avec laquelle ils sont exposés. À son début, en 1805, il découvre dans les asperges l’asparagine, substance qui fixa l’attention des chimistes par la limpidité et la beauté de ses cristaux. Quatre ans après, la réglisse lui présente un corps analogue et une substance sucrée qui n’a pourtant du sucre ordinaire que la saveur douce. L’examen qu’il fait des cantharides nous apprend et la présence de l’acide urique dans des insectes qui se nourrissent de feuilles, et l’existence d’un principe auquel elles doivent la propriété d’agir comme vésicatoire, découverte remarquable en ce que, démontrant, dès 1810, la possibilité d’extraire le principe actif d’une matière médicamenteuse complexe, elle peut être considérée comme le point de départ de nombreuses recherches entreprises depuis sur ce sujet. Les lichens, avec lesquels on prépare l’orseille, cette matière colorante violette, si « belle, mais si altérable, sont pour lui l’occasion de la découverte du variolaris, ainsi que de l’orcine, principe incolore, cristallisable, doué de la saveur sucrée, et, chose singulière, de la propriété de se transformer en un corps violet sous l’influence de l’eau, de l’oxygène et de l’ammoniaque. En 1832, Robiquet examine l’opium, dont il s’était déjà occupé à plusieurs « reprises ; la codéine, un des principes actifs de cette sorte de thériaque naturelle, est découverte et parfaitement définie ; l’acide méconique, à peine connu auparavant, est étudié soigneusement, et les modifications qu’il éprouve de la part de la chaleur, déterminées avec précision, deviennent un des sujets les plus intéressants des découvertes récentes. Dans les dernières années de sa vie, il eut plusieurs de ses amis pour collaborateurs ; les travaux sortis de ces associations possèdent tous les caractères de ceux que nous venons de signaler : telles sont les Recherches sur les amandes amères et leur huile volatile, entreprises avec M. Boutron-Charlard, les Recherches sur les semences de moutarde, « entreprises successivement avec le même chimiste et M. Bussy ; enfin les Recherches sur la garance, qu’il a faites de concert avec M. Colin. Ces travaux ont enrichi la science de corps remarquables sous le point de vue théorique, et sans doute quelques-uns le sont par l’utilité que l’industrie est en droit d’en attendre : par exemple, l’amygdaline se range parmi les principes immédiats les plus intéressants découverts dans ces derniers temps ; sa transformation en acide hydrocyanique, en hydrure de benzoïle, etc., sous l’influence de la synaptase (émulsíne) et de l’eau, présente un fait aussi précieux, sous ce rapport, pour l’histoire de l’affinité, qu’il est important pour l’analyse immédiate des matières organiques, en ce qu’il démontre toute l’influence que l’eau eut exercer lorsqu’elle donne lieu à des transformations qui dénaturent absolument des corps qu’on espérait de séparer, par son intermédiaire, dans l’état même où ils constituaient une matière qu’on analyse. Enfin les principes colorants rouges de la garance, la purpurine, et surtout l’alizaríne, ont enrichi à la fois la chimie et l’industrie ; nul doute que la dernière substance, que l’on sait pouvoir être préparée facilement avec l’acide sulfurique concentré, ne devienne tôt ou tard la base d’une grande exploitation, à laquelle le nom de Robiquet sera invariablement attaché ! » Ses ouvrages imprimés Sont : 1° De l’emploi du bicarbonate de soude dans le traitement médical des calculs urinaires, lu à l’Académie de médecine, janvier 1826, in-8o ; 2° Nouvelles expérience : sur les amandes amères et