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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 36.djvu/466

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tier St-Marcel qu’elle ne devait plus quitter, et dont elle fut le génie bienfaisant et moralisateur. Il ne reste plus qu’à la suivre dans cette vie de dévouement. Soulager l’humanité souffrante à tous les âges et dans toutes les positions, tel est le but qu’elle s’était proposé. Son élévation à la dignité de supérieure (1815) lui en facilita les moyens. Voyons d’abord ce qu’elle fit pour l’enfant nouveau-né. La communauté avait une école : sœur Rosalie fit placer au-dessus même de cet établissement une crèche. Plus tard (il s’agissait d’assurer les premiers pas de ces pauvres enfants) ; elle voulut qu’ils eussent un asile, et l’asile fut. Mais l’apprentissage ? il offre bien des dangers, surtout dans ce populeux quartier. La bonne mère (ainsi la qualifiait-on) fonde le patronage des ouvrières et l’association de Notre-Dame du Bon Carmel, chargée de veiller sur les jeunes apprenties. Sœur Rosalie ne pouvait pas oublier la vieillesse. Elle a d’abord eu soin de loger gratuitement quelques vieillards, et, en 1856, elle est parvenue à organiser (qui aurait résisté à cette solliciteuse des pauvres ?) l’Asile Ste-Rosalie. Dans les grande*-i commotions du pays, sa charité fut à la hauteur des événements. Plus d’une victime des fureurs politiques lui dut, en 1830 et 1848, son salut. Dans les temps de discorde, le soupçon atteint les plus dignes : sœur Rosalie, accusée d’avoir soustrait des individus aux vengeances politiques, dut Un jour être arrêtée ; mais la police elle-même recula devant cette mesure : le quartier tout entier eût défendu sa protectrice. Elle sauvait, telle était sa mission de bienfaisance, elle sauvait sans acception d’opinion ceux qui lui demandaient un refuge ; ainsi fit-elle en 181.8 : cette fois, c’étaient des soldats que poursuivaient les insurgés. Quand c’était le ciel qui envoyait quelque fléau, la digne femme secourait les victimes qu’il faisait : ainsi en 1832, durant le premier choléra, ainsi en 1849, lorsque le fléau sévit une nouvelle fois. Elle fit fonder alors un asile pour les Orphelins. Sœur Rosalie fut frappée de cécité dans ses dernières années. mais sa charité n’en fut Point ralentie : elle ne s’arrêta qu’avec sa vie, le 7 février 1856. La mémoire de cette sainte femme ne saurait périr. Les contemporains les plus insignes avaient apprécié la haute vertu de sœur Rosalie ; dans le nombre nous citerons M. de Salvandy, le général Cavaignac ; le peuple des faubourgs la révérait. L’empereur Napoléon lll, qui lui avait rendu visite avec l’impératrice, le 18 mars 1854, la décora. C’était justice : elle eut la bravoure de la plus inébranlable bienfaisance.

Z.


ROSAMEL (Claude-Charles-Marie du Campe de), amiral français né en 1774, entra à l’âge de dix-huit ans dans la marine. Il se distingue par son courage et sa fermeté dans les rudes combats que les escadres de la république, commandées par l’amiral Villaret-Joyeuse, soutinrent en 1791 et en 1795 contre les ilques anglaises. Le grade de lieutenant de vaisseau fut bientôt la récompense de ses services. En 1796, il prit part à l’expédition que commandait Morard de Galles, et qui était destinée à porter une armée française aux ordres de Hoche en Irlande, où tout était prêt pour une insurrection contre la domination anglaise. Cette entreprise, qui pouvait avoir les plus grands résultats. échoua par suite des tempêtes qui dispersèrent la flotte et le convoi qu’elle escortait. Nommé en 1801 capitaine de vaisseau, Rosamel resta longtemps employé dans l’administration et sans prendre part aux opérations militaires, qui d’ailleurs, depuis les revers de 1805 et de 1806, étaient bien restreintes sur les mers. Il obtint enfin le commandement d’une frégate, et le 29 novembre 1811. croisant dans l’Adriatique, il livre à une escadrille anglaise un combat acharné ; mais comme il n’obtint pas un succès assez complet au gré de l’empereur, il tomba en disgrâce et resta sans emploi jusqu’à la fin de la guerre. En 1815, après la seconde restauration. il eut un vaisseau placé sous ses ordres. et en 1818 il fut nommé contre-amiral et membre du conseil de l’amirauté. Il s’occupa avec zèle de formalisation de la marine, et il rendit de véritables services. En 1830, il commandait une des divisions de la flotte qui prit part à expédition d’Alger. Secondant les opérations de l’armée de terre, il jeta l’ancre devant le port ; et, bravant le feu des forts et des batteries nombreuses qui le défendaient, il dirigea contra la ville une canonnade terrible qui contribua puissamment à amener la capitulation. La révolution de juillet survint ; Rosamel se rallia au gouvernement nouveau, et il fut envoyé in Toulon comme préfet maritime. Lors de avènement du ministère Molé, il fut, le 25 août 1836, chargé du portefeuille de la marine. Il s’acquitta de ces fonctions avec une intelligente activité, ainsi que le constate une notice à cet égard due à M. Bajot et insérée dans le tome 69 des Annales maritimes et coloniales. Ce fut pendant l’administration de ce ministre que le blocus des côtes du Mexique fut maintenu avec vigueur. Le cabinet dont il faisait partie se trouvant en minorité dans la chambre des députés, par suite d’une coalition de divers partis, Rosamel dut partager le sort de ses collègues ; il donna sa démission le 9 mars 1839. Il avait le grade de vice-amiral ; mais la vieillesse commençait à l’atteindre, et il passa dans la retraite les dernières années de sa vie ; elle se termina le 27 mars 1848.

Z.


ROSAMONDE. Voyez Rosemonde et Rosmonde.


ROSASCO (Charles-Dominique) naquit le 18 novembre 1708 à Frino, dans le Vercellais, et prit le nom de Jérôme en entrant dans l’ordre des Barnabites en 1725. Le grammairien Corticelli fut son professeur dans l’étude de la langue italienne, que plus tard il enseigna lui-même à Florence et à Milan, après quoi il fut nommé secrétaire Général de son Ordre. Il était aussi