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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 38.djvu/128

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trois premiers volumes promptement épuisés ont été réimprimés en 1834, et une édition nouvelle de l’ouvrage entier a vu le jour de 1840 à 1851. En 1830, M. Ch. Guenoux fit paraître les deux premiers volumes d’une traduction de cette Histoire, traduction écrite sous les yeux de l’auteur lui-même et précédée d’une notice biographique nécessairement incomplète ; terminée en 1839, cette version remplit quatre parties divisées en trois volumes ; les quatre derniers volumes du texte allemand y sont réduits à deux. Un savant illustre, Pardessus, a consacré, en 1840, dans le Journal des Savants, une série d’articles à ce grand travail, dont il fait ressortir le mérite éminent[1]. Un autre ouvrage d’une haute portée, le Système du droit romain actuel (System des heutigen rœm. Rechts), Berlin, 1840-1849, 8 vol. in-8°, a également passé en français, grâce aux soins de M. Guenoux, et forme 6 volumes in-8°, dont le dernier a (paru en 1849. Le Traité de le possession a été de la part d’un jurisconsulte belge, M. L.-A. Warnkœnig, l’objet d’une Analyse qui, après avoir été insérée dans la Themis, a été revue, perfectionnée et imprimée séparément à Liége, en 1827. Un autre Belge, M. Jules Beving, a donné une traduction de ce Traité d’après la sixième édition (Bruxelles, 1839) ; enfin M. Faivre d’Audelanges en a fait une autre version (Paris, 1841, in-8°), qui a été revue par M. Valette. Une sensation assez vive fut produite lors de l’apparition d’un écrit de Savigny intitulé De la mission de notre époque pour la législation et la jurisprudence (Vom Beruf unserer Zeit für gesetzgebang and Rechtwíssenschaft), (Berlin 1814 ; 3e édition, 1840) ; il combat les idées de Thibaut, de Schmid, de Gœnner et d’autres légistes qui réclamaient une révision des codes, une harmonie entre les législations des diverses nations de l’Europe ; Savigny répond que ces nouveaux codes ne sont ni nécessaires, ni possibles ; que les lois de la France, de l’Autriche et de la Prusse ne sauraient convenir à tous les pays. Homme du passé plutôt que de l’avenir, il ne voulait pas innover, et il pensait que le rôle du 19e siècle était surtout de réunir des matériaux dont la postérité aurait a tirer parti. Les résultats de ses investigations historiques n’ont pas toutes été placées dans l’Histoire que nous avons signalée ; il s’en servit aussi pour des Mémoires qu’il lut à l’académie des sciences de Berlin. On distingue celui sur l’Histoire du droit de la noblesse dans l’Europe moderne (Beitrag sur Rechtsgeschichts des Adels), Berlin, 1836 ; il en fit également usage pour de nombreux articles qu’il fournit au Journal de jurisprudence historique, qu’il fonda, en 1815, avec Eichhorn et Rudorff, et qu’il appuya de sa collaboration active. Ces articles et quelques autres, au nombre de cinquante-cinq en tout, ont été rassemblés en cinq volumes de Mélanges (Vermischte Schriften), publiés à Berlin en 1854. Signalons aussi comme un livre capital en son genre : le Droit des obligations (Das Obligationenrecht), Berlin, 1851-1853, 2 vol. in-8°. Savigny était correspondant de l’Institut de France (Académie des sciences morales et politiques) ; un grand nombre de sociétés savantes avaient regardé comme un honneur de se l’associer. Il mourut, le 25 octobre 1861, dans un âge avancé ; des hommages solennels rendus à sa mémoire attestèrent combien le monde savant apprécia l’étendue de la perte qu’il éprouvait en se voyant enlever l’écrivain qui a le mieux connu et expliqué l’esprit et l’histoire de cette jurisprudence romaine qui a exercé et qui continuera toujours sans doute d’avoir une immense influence sur les relations de toute société civilisée. Savigny a trouvé en France des appréciateurs compétents, parmi lesquels il convient de citer M. Laboulaye, qui, longtemps avant la mort de l’auteur de l’Histoire du droit, publia un Essai sur sa vie et ses doctrines, Paris, 1842, in-8°.

B-n—t.


SAVILE (Henri), savant anglais, né le 30 novembre 1549, à Bradley, dans l’Yorkshire, acheva ses études à l’université d’Oxford, où il reçut, en 1570, le degré de maître ès arts. Il fut élu procureur (proctor) de l’université ; l’année suivante, il fut continué dans cette charge et obtint l’autorisation de donner des leçons. Dans le dessein de perfectionner ses connaissances, il fit, en 1578, un voyage en France et dans les Pays-Bas. À son retour en Angleterre, il fut choisi pour enseigner le grec et les mathématiques à la reine Elisabeth, qui lui témoigne depuis lors beaucoup de bienveillance. Il fut, en 1585, nommé principal du collège de Marton ; et, en 1586, il joignit à cette dignité celle de prévôt du collège d’Eton, où il plaça d’habiles professeurs. On dit gue son excessive sévérité le rendait la terreur es étudiants. Le roi Jacques I, instruit du mérite de Savile, se proposait de l’élever aux premiers emplois ; mais il se contenta du titre de chevalier, que ce prince lui conféra dans le château de Windsor, en 1604. La même année, il eut le chagrin de perdre son fils ; et comme il ne lui restait aucun espoir d’avoir un héritier de son nom, il résolut de consacrer une partie de sa fortune à l’avancement des lettres. Guire la belle édition grecque des Œuvres de St-Chrysostome, qu’il t’imprimer à ses frais (ooy. Cnnvsosronnzjl et pour laquelle il dépense, dit-on, huit mille livres sterling (environ cent quatre vingt-douze mille francs), il fonda deux nouvelles chaires à l’académie d’Oxford, l’une de géométrie et l’autre d’astronomie, dont il pourvut Henri Briggs et Jean Bainbridge, deux hommes très--

  1. Savigny expose nettement la pensée qui l’a guidé lorsqu’il termine son dernier volume, en écrivant ces mots auxquels Pardessus donne tout son assentiment : « Si la science du droit doit prendre de nos jours une face nouvelle, ces recherches historiques y seront pour quelque chose. En effet, croire à la possibilité d’un progrès pour la science sans tenir compte du passé tout entier, ou croire qu’on peut comprendre passé sans l’étudier profondément, et pour lui-même, c’est être préoccupé d’une erreur aussi vaine que dangereuse.»