Aller au contenu

Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 38.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naturaliste français, né à Provins, le 5 avril 1777, mort le 5 octobre 1851, à Gally, près de Versailles. Après avoir assisté à un voyage en Chine, il fut, en 1798, attaché à l’expédition d’Égypte comme zoologiste. En cette qualité, il a rédigé la plus grande partie des livres et mémoires qui, dans la magnifique collection intitulée Description de l’Égypte, ont trait à l’histoire naturelle des êtres invertébrés de ce pays. De retour en France, Savigny a consacré de longues années à la rédaction de cette partie. Membre de l’institut d’Égypte, il a été, depuis 1821, membre de l’Institut de France, ainsi que des académies d’Édimbourg, d’oxford, d’Amsterdam, de Marseille, etc. Plusieurs araignées et insectes, notamment des fourmis, portent son nom. Voici le titre de ses Ouvrages : 1°Histoire naturelle des dorades de Chine, avec figures gravées par F.-N. Martinet, Paris, 1798, in-fol. ; 2* Description de la nymphœa eœrulea (d’abord dans le 1er volume de la Décade égyptienne, 1799 ; puis reproduite dans le tome 1er des Annales du museum d’histoire naturelle de Paris, 1820) ; 3° Histoire naturelle et mythologique de l’ibis, Paris, 1805, in-8°, avec 6 planches. L’auteur y prouve que l’ibis des momies ou l’ibis sacré des anciens Égyptiens vit encore dans ce pays, mais qu’il y est moins fréquent qu’autrefois. Le voyageur Bruce en avait découvert en Abyssinie quelques-uns ; on le crut éteint en Égypte jusqu’au moment où Savigny y prit des sujets vivants. 4° Observation sur le système des oiseaux d’Egypte et de Syrie, 1810 ; 5° Descriptions des arachides d’Égypte et de Syrie, 1812 ; 6° Mémoires sur les animaux sans vertèbres, en 2 parties, Paris, 1816, 2 vol. in-8°, avec 36 planches. La première partie comprend les crustacés, insectes, etc. ; la seconde, les mollusques et radiaires. 7° Description des annélides des côtes d’Égypte, ibid., 1820 ; 8° Explication des planches des mollusques, annélides, crustacés, arachnidés, insectes, échinodermes, etc., de l’Égypte et de la Syrie. Paris, 1826, in-8°, 610.

R-L-N.


SAVIGNY (Frédéric-Charles de). célèbre jurisconsulte allemand, naquit, en 1779, à Francfort-sur-Mein dans une famille originaire de Metz. Il fut reçu, en 1800, docteur à l’université de Marbourg, et, pendant quatre ans, il y fit des cours de droit romain, d’abord comme professeur particulier (privat-docent), ensuite comme professeur extraordinaire. Il n’avait que vingt-quatre ans lorsqu’il se fit connaître en publiant un livre fort remarquable, le Droit de la possession (Das Recht des Besitzes), Marbourg, 1803 ; une sixième édition, mise au jour en 1837, atteste l’importance de cet écrit. À partir de 1801 et pendant plusieurs années, Savigny, en possession d’une fortune indépendante, voyagea en Allemagne et en France, cherchant dans les grandes bibliothèques les manuscrits relatifs au droit romain, explorant tout ce qui concernait les jurisconsultes antérieurs au 15e siècle et dont les travaux étaient profondément oubliés. En 1808, il prit possession de la chaire de droit de Landshut, mais il ne tarda pas à se montrer sur un théâtre plus éclatant ; l'université de Berlin fut fondée en 1810, et le gouvernement prussien s’empressa d’y appeler un savant dont la réputation était déjà solidement établie. Il entra bientôt à l’académie des sciences, et on le vit, peu de temps après, sortir du domaine de l’érudition et prendre part aux affaires. Successivement conseiller intime de justice en 1816, membre du conseil d’État en 1817, membre, en 1819, de la cour de révision des provinces rhénanes, il fut, en 1812, appelé aux hautes fonctions de ministre d’Etat ; le portefeuille de la justice lui fut confié, et il fut chargé de la révision des codes. Il apporta dans ces fonctions beaucoup de zèle et de sagacité, mais, attaché par-dessus tout aux opinions conservatrices, adversaire des idées nouvelles, il se trouva incessamment en butte aux attaques de l’opposition ; les événements de 1818, qu’il vit avec effroi, l’éloignèrent des affaires ; il s’empressa de rentrer dans la vie privée, dont la tranquillité convenait à ses goûts studieux. C’est d’ailleurs comme légiste appliquant ses facultés au droit romain, bien plus que comme homme d’État, que Savigny vivra dans la postérité. Personne plus que lui n’a saisi l’esprit des Instituts : et des Pandectes, ne l’a exposé avec plus de netteté et de précision, n’a réuni une plus grande masse de faits jusqu’alors ignorés ou inaperçus. Il était le chef de l’école historique du droit romain ; Hugo et Schlosser l’avaient fondée, mais il les éclipsa, et il établit sur des bases solides. il développe avec éclat et talent des idées qu’il se fit toujours un mérite de soutenir ; hors de l’histoire, il ne voyait que des chimères, et les théories de quelques novateurs qui voulaient introduire dans la jurisprudence les idées vagues d’une métaphysique abstraite lui inspiraient une répulsion profonde. Ses idées à ce sujet furent souvent combattues, mais aucun de ses contradicteurs ne put se flatter d’avoir remporté la victoire, et les esprits sérieux furent en général de l’avis de l’illustre professeur. Écrivain laborieux, Savigny a élevé un véritable monument à la science qui avait absorbé ses veilles en publiant son Histoire du droit romain pendant le moyen âge (Geschichte des rœmischen Recht im Mittelalter). Ce grand ouvrage, qui jeta une lumière aussi complète que neuve sur une série de faits jusque-là très-négligés, et qui est le résultat des recherches les plus persévérantes, forme 6 volumes in-8°, mis au jour à Heidelberg de 1826 à 1831. On tient en une estime toute particulière le premier volume, qui traite de l’administration municipale et de l’organisation judiciaire chez les Romains et chez les barbares ; on a critiqué le plan des volumes suivants, où il n’est plus question que des collections de droit romain au moyen âge, de la biographie des glossateurs et de leurs travaux. Les