Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 38.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


SAV

mer, commandement absolu dont personne n’avait été investi depuis André Doria et don Juan d’Autriche. Ce fut en cette qualité que Philibert-Emmanuel conduisit, en 1614, les galères d’Espagne en Sicile, pour s’opposer à la descente projetée par les Turcs sur les côtes de cette île. En 1618, il fut envoyé auprès du duc de Mantoue pour suivre la négociation relative aux prétentions de la maison de Savoie sur le Montferrat, dont Charles-Emmanuel voulait lui faire épouser l’héritière. Ce jeune prince, distingué par sa valeur et par sa prudence, mourut à Palerme en 1624, dans sa 36° année. B—r.


SAVOIE (Maurice ne), cardinal et ensuite prince d’Oneille, né à Turin le IO janvier 1593, était frère du précédent. Le pape Paul V le nomma cardinal à quatorze ans. Il fut chargé par son frère Victor Amé 1er de plusieurs négociations importantes. Après la mort de celui-ci, ses prétentions à la régence troublèrent le règne de François-Hyacinthe et de Charles-Emmanuel II. A la suite d’une cruelle guerre civile, où les Espagnols étaient ses auxiliaires, il fit la paix en 1642 et épousa Louise-Marie-Christine de Savoie, sa nièce. Il n’en eut point d’enfants. Après avoir vécu quinze ans avec elle. il mourut le 4 octobre 1657.

S-I.


SAVOIE-CARIGNAN. Voyez CARIGNAN, EUGÈNE et SOISSONS.


SAVOIE-NEMOURS. Voyez NEMOURS.


SAVOLDO (Jérôme), peintre, né à Brescia d’une famille noble et distinguée, florissait en 1540, et était regardé comme un des meilleurs peintres de son pays. Le nom de son premier maître est ignoré ; mais les tableaux qu’il a laissés dans sa patrie avant d’aller habiter Venise le font connaître pour un peintre aimable et correct. Venu ensuite à Venise, il étudia assidûment les beaux ouvrages du Titien et devint un de ses plus habiles imitateurs, non pas, il est vrai, dans les grandes machines, mais dans de moindres compositions exécutées avec le fini le plus exquis, qui est, à proprement parler, son caractère distinctif. Jouissant d’une fortune personnelle considérable, il ne faisait point payer les tableaux dont il ornait les églises. Il en peignit aussi quelques-uns pour des amateurs ; ces derniers sont extrêmement rares et recherchés. On vantait surtout celui de la Crèche, qui se voyait dans l’église de St-Job ; la couleur et l’exécution en étaient parfaites. Une restauration maladroite a gâté ce bel ouvrage. Son chef-d’œuvre, plus grand que les tableaux qu’il faisait ordinairement, est au maître-autel des dominicains de Pesaro. Il représente Jésus-Christ sur un nuage éclairé par le soleil céleste, et au bas quatre saints en prière. Ces figures sont peintes avec une si grande vigueur de coloris, qu’elles semblent sortir de la toile, tandis que le haut du tableau est d’une couleur si douce et si harmonieuse, que les différents plans du tableau s’enfoncent et

SAV - 149

se dégradent avec un art infini. On conserve de lui, dans la galerie de Florence, une petite Transfiguration d’une rare beauté. Savoldo vécut longtemps à Venise, où il mourut dans un âge avancé, et où il est connu sous le nom de Girolamo Bresciano.

P-s.


SAVONAROLA (Jean-Michel), médecin, né à Padoue en 1384, fut d’abord chevalier de Rhodes ; mais le goût des lettres lui fit abandonner les armes pour se livrer à l’étude de la médecine. Reçu docteur dans sa ville natale, il entreprit divers voyages aux écoles les plus renommées. Il visita Salerne, Naples, Rome, Plaisance, Montpellier, Paris et une partie de l’Allemagne ; s’adonna à l’étude de la chimie et recueillit des notes sur les eaux minérales de divers pays. Il fut nommé lecteur de l’université de Padoue à son retour, et, en 1436, il y expliquait les ouvrages d’Avicenne, seul auteur qui servit alors de base à l’enseignement médical. Quelques années après, la ville de Ferrare le choisit pour occuper sa chaire de médecine pratique. Cette ville était au plus haut degré de splendeur, et la cour brillante et éclairée des princes d’Este en faisait le séjour le plus agréable de l’Italie. Le duc accorda sa confiance et son amitié à Savonarola, qui se fixa pour le reste de ses jours à Ferrare, et y mourut en 1462. Les écrits de ce professeur, et surtout son Compendium de médecine, sont remplis de subtilités scolastiques. Sa méthode curative est toujours fondée sur la prédominance de quelque humeur élémentaire ou de telle ou telle température particulière. Néanmoins on y trouve des observations importantes et certaines idées singulières qui annoncent une grande liberté d’expression. L’auteur ne craignit point de dire qu’il n’avait aucune confiance dans les préceptes d’Averroès, le grand maître par excellence des écoles de ce temps-là. Parmi les observations curieuses qu’il cite on remarque les suivantes. Après l’épouvantable peste de 1348, les enfants qui vinrent au monde n’eurent plus que vingt-deux ou vingt-quatre dents au lieu de trente-deux, et ce phénomène subsista durant la génération de cette époque. Les femmes, dans le temps de la grossesse, acquirent parfois de nouvelles dents. Un homme né avec une luette double avait néanmoins la voix claire et chantait supérieurement. Malgré des idées superstitieuses touchant les propriétés des pierres précieuses et sur les sortilèges, Savonarola sut distinguer l’influence des âges, des tempéraments et des climats sur les maladies. Il indiqua mieux qu’on ne l’avait fait avant lui les règles à suivre pour examiner le pouls ; il fut, pour ainsi dire, le premier auteur et le fondateur de la doctrine sphygmique. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages qui jouirent d’une telle réputation que l’un d’eux (le Speculum physiognomiœ) fut traduit en grec par Théodore de Gaza. Nous indiquerons :

  1. 1e De balneis et thermis natu-