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1737. Il était fils du duc François de Saxe-Cobourg-Saatfeld, et fit ses premières armes avec quelque distinction dans la guerre de sept ans. On ne le vit commander en chef que dans la coalition formée en 1787 contre les Turcs par l’empereur Joseph II et l’impératrice Catherine II. Le prince de Cobourg, pressé par l’armée du grand vizir en Valachie, se trouvait dans une position fort critique, lorsque Souwaroff accourut à son secours et gagna sur les Ottomans la bataille de Martinesti (22 septembre 1789). La révolution française ne tarda pas à fournir au prince de Cobourg l’occasion de jouer un rôle plus éclatant. Les Français ayant conquis la Belgique en 1792, il fut envoyé avec une puissante armée pour les en expulser. Dès le 1er mars 1793, il ouvrit la campagne par le passage de la Roer et le combat d’Aldenhoven, où il surprit l’armée française (voy. DAMPIERRE). Il fit aussitôt lever le siège de Maëstricht, et, le 18 du même mois, il gagna la bataille de Nerwinde, après laquelle Dumouriez entra en négociation avec lui, et les hostilités cessèrent pendant quelques jours. Lorsqu’elles furent reprises, le prince battit encore les républicains à Famars et s’empara successivement de Condé, de Valenciennes, du Quesnoi et de Landrecies. Il avait formé l’investissement de Maubeuge, et le siège allait commencer ; mais son armée, affaiblie par le départ des troupes anglaises qui étaient allées attaquer Dunkerque, ne put lutter plus longtemps contre les Français (voy. PICHEGRU). Ce premier échec fut le signal de beaucoup d’autres. La droite de l’immense ligne des Autrichiens étant tournée par l’invasion des républicains dans la West-Flandre et menacée à sa gauche par la prise de Charleroi, le prince de Cobourg sentit la nécessité de se replier jusque sur la Meuse et enfin jusque sur le Rhin. Il ne fit un déploiement de colonnes à Fleurus que pour couvrir la retraite de son artillerie et de ses bagages ; mais il n’y eut des deux côtés que les ailes d’engagées, et la perte fut à peu près nulle de part et d’autre. Une fois rentré en Allemagne, le prince de Saxe-Cobourg retomba dans une sorte d’obscurité. Depuis longtemps il passait pour mort, lorsque l’on apprit qu’il n’avait cessé de vivre qu’en 1815, à l’âge de 78 ans. Il avait dû une partie de sa célébrité à l’acharnement puéril que mirent les révolutionnaires de France à lui attribuer, ainsi qu’au fameux ministre anglais, tous les complots et tous les événements qui menaçaient leur existence. On se souviendra longtemps encore du cri de Pitt et Cobourg.

S-v-s.

SAXE-COBOURG (Ernest III, duc de), né en 1784, succéda, le 9 décembre, à son père, François-Frédéric-Antoine, qui avait lui-même pris en 1800 les rênes du gouvernement, et qui, à l’époque de son décès, venait, sous la pression des victoires des armées françaises, de se faire admettre dans la confédération du Rhin. Le jeune

SAX

prince servit alors sous les drapeaux de la Russie, et les Français occupèrent Cobourg ; mais la paix de Tilsitt ramena Ernest au milieu de ses sujets. Il s’efforça de traverser sans trop de secousse la période agitée qui, jusqu’à 1814, exerça tant d’influence sur les destinées de la nation allemande. Au congrès de Vienne, des agrandissements territoriaux lui furent promis, et il reçut en 1816 la principauté de Lichtenberg, qui venait d’être créée sur les bords du Rhin ; mais il la vendit à la Prusse en 1834. Le 8 août 1841, il promulgua une constitution. Grâce à un système rigide d’économie, il rétablit l’ordre dans les finances du duché, qui avaient été fort embarrassées à l’époque de ses prédécesseurs, et il fut bientôt regardé comme un des plus riches des petits princes allemands. Il vit les membres de sa famille s’unir par les alliances les plus brillantes aux maisons royales de l’Europe. La fin de son règne fut troublée par quelques différends avec les assemblées législatives ; mais il n’y avait au fond rien de bien sérieux dans ces contestations. Le duc mourut subitement le 29 janvier 1844. Son fils Ernest lui succéda.

Z.


SAXE-COBOURG-KOHARY (Ferdinand-George-Auguste, duc de), naquit le 28 mars 1785. Ce prince, d’ailleurs estimable, ne joua pas un bien grand rôle ; cependant il fut général de cavalerie au service de l’Autriche et colonel du 8e régiment de hussards. Il se fit plutôt remarquer par ses alliances. Il était le frère aîné du roi des Belges Léopold 1er et de la duchesse de Kent ; il fut, par conséquent, l’oncle de la reine Victoria d’Angleterre et du prince Albert. Quelques mois avant le mariage du roi Léopold avec la princesse Charlotte de Galles, le duc Ferdinand épousa lui-même la fille unique du prince hongrois de Kohary, et, à cette occasion, il embrassa la religion romaine. Il eut de cette princesse trois fils et une fille. L’aîné épousa Maria da Gloria, reine de Portugal à dater de 1836 ; le second, le prince Auguste, épousa en 1843 la princesse Clémentine, fille du roi Louis-Philippe. Sa fille Victoria devint en 1840 l’épouse du duc de Nemours, fil, de ce roi. Le duc Ferdinand-George mourut à Vienne le 27 août 1851.

Z.


SAXE-COBOURG-GOTHA (Albert, prince de), époux de la reine Victoria d’Angleterre, naquit au château de Rosenau le 26 août 1819. Il était le second fils du duc Ernest 1er de Saxe-Cobourg et Gotha et le frère puiné du duc Ernest II. Son père le fit élever sous ses yeux et avec le plus grand soin. Rien au surplus de remarquable dans ses premières années ; mais lorsque, en 1836, il parut pour la première fois à la cour d’Angleterre, tout le monde fut frappé de la solidité de son esprit autant que de la distinction de ses manières. Demeurant alors avec son père dans le palais même de la duchesse de Kent, sa tante, dont il voyait fréquemment la fille, il éprouva pour cette princesse une sympathie qui