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qu’il fournit avec la théorie transmise par Pythagore, de laquelle on conclut, pour un intervalle de sons fixé à volonté, les rapports des nombres d’oscillations qui ont lieu dans un même temps et par conséquent entre deux battements. On peut toujours d’ailleurs opérer sur des sons assez graves et assez rapprochés pour que le nombre des battements, pendant une ou plusieurs secondes, puisse être compté, et ce nombre connu donne immédiatement le nombre absolu des oscillations entre deux battements. Soit, comme précédemment, le rapport des nombres d’oscillations contemporaines, celui de 8 à 9, qui répond à peu près à un intervalle de 1/6 d’octave, et supposons qu’on ait compté quatre battements par seconde de temps, on en conclura sur-le-champ que le plus grave des deux sons donne trente-deux oscillations pendant le même temps, et que le plus aigu en donne trente-six. On voit par là comment Sauveur a ramené à des quantités sensibles et appréciables des mesures qu’il eût été impossible d’obtenir immédiatement. Ce premier travail était fait en 1700 ; il a repris le problème appliqué aux cordes vibrantes dans son Mémoire sur les rapports des sons des cordes d’instruments de musique aux flèches des courbes et sur la nouvelle détermination des sons fixes (volume de l’Académie des sciences de 1713), et là il déduit, à priori, sa solution des principes de la dynamique. Il est à remarquer que cette solution analytique lui donne, pour les cordes à l’unisson des tuyaux, des nombres de vibrations doubles de ceux des oscillations conclues pour les tuyaux ; mais il explique fort bien comment cette dissidence apparente confirme ses résultats au lieu de les infirmer. Les différents volumes des Mémoires de l’Académie des sciences de Paris, qui renferment l’exposé des recherches de Sauveur sur l’acoustique musicale sont : (1700) Détermination d’un son fixe, détails sur les expériences par les battements ci-dessus mentionnés ; - (1702) Application des sons harmoniques à la composition des jeux d’orgue ; — (1707) Méthode générale pour former les systèmes tempérés de musique, et choix de celui qu’on doit suivre ; - (1711) Table générale des systèmes tempérés de musique ; - (1713) Rapport des sons des cordes d’instruments de musique aux flèches des courbes et nouvelles déterminations des sons fixes. Le mérite d’avoir posé les bases de l’acoustique musicale met Sauveur en grande recommandation parmi les physiciens-géomètres ; les classements et les nomenclatures des divisions de l’octave qu’il avait proposés n’ont pas perpétué son souvenir chez les musiciens praticiens, qui ne parlent plus, si toutefois ils en ont jamais parlé, de ses mérides, heptamérides, décamérides, etc. Le volume de l’Académie de 1703 renferme un Mémoire sur le frottement d’une corde autour d’un cylindre immobile ; la question était alors curieuse et nouvelle. Sauveur fut marié deux fois. Il fit, dit-on, rédiger et signer le contrat et convint d’ailleurs de tous ses arrangements avec la famille de sa future épouse, avant sa première entrevue avec elle, dans la crainte de n’être pas assez maître de lui-même après cette entrevue. Il fut plus hardi ou se possédait mieux lors de son second mariage. Il mourut le 9 juillet 1716, à l’âge de 63 ans. — Son fils, l’abbé Sauveur, est auteur d’un Calendrier perpétuel contenant les années grégoriennes et juliennes, présenté à l’Académie des sciences, qui en trouva la forme nouvelle, simple, ingénieuse et commode (Académie des sciences, 1732, H., p. 94). P—sv.


SAUVEUR (Jean-Joseph de), médecin et statisticien belge, né en 1798, dans les environs de Liége, où il mourut en novembre 1862. Il était depuis 1825 professeur de médecine légale et d’hygiène à l’université de Liége et membre de l’institut de Belgique. Plus tard, il devint membre des conseils d’hygiène publique et inspecteur du service sanitaire. Associé de l’académie de médecine belge, il l’était aussi du conseil de statistique. Ses écrits sont importants pour l’histoire naturelle et médicale du pays de Liège. En voici les titres : 1° Flore fossile des terrains houillers de Belgique ; 2° les Eaux minérales de Liege et des comtés voisins ; 3° Statistique des épidémies qui ont envahi le pays de Liege dans les temps historiques ; 4° Flore du pays de Liège ; 5° Statistique des sourds-muets et aveugles du pays de Liege ; 6° Statistique des phénomènes météorologiques et climatériques, des inondations, des disettes et épidémies dans le pays de Liege, depuis les plus anciens temps jusqu’à ce jour. R—L-N.


SAUVIAC (Joseph-Alexandre Béthezé-Larue de), général français, était né dans le Languedoc en 1757, d’une famille noble, mais sans fortune. Destiné à la carrière du génie militaire, il entra en 1779, après d’assez bonnes études faites dans son pays, à l’école de Mézières, d’où il sortit six ans plus tard lieutenant du génie. Ayant embrassé la cause de la révolution, il fut nommé capitaine en 1791 et employé comme tel aux travaux de Cherbourg, sous Dumouriez, qui l’appela auprès de lui à l’armée de Belgique, vers la fin de 1792. Employé encore l’année suivante dans la courte expédition de Hollande, il fut gravement blessé, le 2 mars, d’un coup de mitraille, en escaladant le fort de Dam, à Gertruydenberg. Ayant suivi l’armée dans son mouvement rétrograde vers la frontière française, il se trouvait employé à l’état-major général, lorsqu’il fut blessé de nouveau par un coup de pied de cheval, dans une reconnaissance du camp de César qu’il fit avec le général en chef Kilmaine. Ne pouvant plus alors continuer à l’armée le même service, il fut nommé commandant de Givet et Charlemont avec le grade de chef de brigade ou colonel. À peine eut-il passé un mois dans ce poste qu’il reçut du ministre de la guerre une commission pour se rendre à l’armée des Pyrénées-Orientales que commandait de Flers. Il y