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ceux qui s’étaient lâchement conduits. Il ne cessa p us de donner des preuves de vigilance, de courage et d’habileté, et souvent encore il se distingua dans d’importantes affaires. Cependant la guerre contre l’Espagne avançait peu. Le roi de Portugal, souhaitant de voir enfin la paix s’établir, défendit à ses troupes d’insulter davantage le territoire espagnol, dans l’espoir que l’ennemi imiterait cette modération. Il résulta de cette mesure des inconvénients que Jean IV s’obstinait à ne point voir. L’armée se débanda, les liens de la discipline se relâchèrent ; les soldats, ne trouvant plus où piller chez l’ennemi, illèrent dans leur propre patrie. Ils massacraient Yes paysans et furent massacrés à leur tour. Le comte de Soure vit avec effroi cet état de choses ; il en fit au roi un tableau plein de franchise et de vivacité, et il eut la gloire de le déterminer à révoquer ses funestes ordres. Ainsi Costa savait servir sa patrie par ses conseils comme par sa valeur. En 1659, il fut envoyé en ambassade à la cour de France. Comme la guerre continuait entre le Portugal et l’Espagne, et que le premier de ces États, malgré d’assez brillants succès, se trouvait épuisé d’hommes et d’argent, Costa était chargé de demander au cabinet français un secours de 4,000 soldats et de 1,000 chevaux, et de lui rappeler la promesse qu’il avait si souvent faite de se liguer avec le Portugal contre l’Espagne. Parti de Lisbonne le 13 avril, il arriva le L juin suivant à Paris. cetait le temps où le cardinal Mazarin suivait avec l’Es agne une négociation relative au mariage des son maître

Sfllîouis XIV ? avec l’infante donna Marie-Thérèse, e de Phi ippe IV. Costa se présentait dans une circonstance peu favorable. Il eut néanmoins avec le cardinal une entrevue dans laquelle il lui représenta à ; lu’il était de l’intérêt de la France que le Portug ne fût pas uni à l’Espagne. Le ministre, après l’avoir écouté attentivement, lui répondit qu’il était de la dernière importance pour la France de traiter avec l’Espagne ; qu’elle avait besoin de la, paix pour le rétablissement de son commerce, qu en tout tem elle s’était intéressée au Portugal, et qu’elle lãi en donnerait la preuve en tachant de lui envoyer le secours demandé, mais de manière à ne point se compromettre. L’ambassadeur, augurant mal de cette réponsehpublia, (peu de jours après, un manifeste où il s’e orçait e démontrer que la France ne devait point traiter avec l’Espagne sans le Portugal. Ce manifeste, écrit avec véhémence, circula dans le public et obtint des applaudissements. Mazarin en fit exprimer son mécontentement au comte de Soure et le menaça de se plaindre à la cour de Portugal. L’ambassadeur répondit énergiquement qu’en soutenant les droits du roi. son maître, il n avait pas cru compromettre le repos public. Le cardinal, peu satisfait de cette réponse, adressa d’inutiles plaintes a la reine de Portugal (Louise de Guzman, régente pendant la S00

minorité d’Al(phonse VI). Cette princesse approuve la conduite e son ambassa eur. Cepen ant le comte de Soure suivit Mazarin à St-Jean de Luz, où on allait traiter de la paix avec l’Espagne, pour tâcher d’y faire comprendre le Portugal. Dans une nouvelle entrevue qu’il eut avec le cardinal, il put aisément se convaincre que tous ses efforts seraient vainsåour obtenir l’important objet de sa demande. Il t transporté d’indignation quand il eut connaissance des conditions ignominieuses auxquelles sa patrie jouirait de la paix dont elle avait tant besoin. Elles portaient ue le Portugal serait remis dans la situation où il se trouvait en 1640, que la maison de Bragance serait maintenue dans tous ses honneurs, et que la France interposerait ses bons offices pour procurer aux ducs de cette maison la vice royauté perpétuelle du Portugal. Le comte de Soure alla trouver le ministre et lui assura que son maître n’accepterait jamais de pareilles conditions. Mazarin ui fit observer qu’on serait ut-être moins difficile à Lisbonne qu’il ne l’était £eSt-Jean de Luz, attendu que le Portugal n’avait de secours à espérer d’aucun côté. Telle fut la triste issue de l’ambassade du comte de Soure. Cependant le cabinet de Versailles permit que 600 officiers accompagnassent en Portugal le comte de Schomberg (voy. ce nom) pour y prendre du service. Le comte de Soure revint à Paris pour régler cette affaire ; puis il retourna dans sa patrie après avoir reçu des présents du roi et même du cardinal. À son retour à Lisbonne, il fut nommé l’un des gentilshommes de la chambre de l’infant, frère du roi (don Pedro qui régna par la suite sous le nom de Pierre II). Il exerça cette charge pendant deux ans, et mourut à Lisbonne en 1664, âgé de 57 ans. Peu de temps avant sa mort, il avait subi un exil à Loulé, victime des intrigues de quelques lâches courtisans qui avaient trompé la reine-régente sur son compte. Le comte de Soure était doué d’une vivacité d’es rit, de manières nobles et d’une élocution facåe. F-A.


SOURICIÈRES DE SAINT-MARC (J.-M.), auteur dramatique, né vers 1767 dans les environs de Bordeaux, vint fort jeune à Paris, où il fréquenta fort assidûment es spectacles. Le 29 septembre 1791, il fit représenter une tragédie sur le théâtre du Marais, où jouaient alors dans des rôles subalternes deux hommes devenus plus tard célèbres (le duc Decazes et le maréchal Gouvion St-Cyr). Cette tragédie, en cinq actes et en vers, était intitulée Artémidore, ou le Roi citoyen (1) ; mais elle eut peu de succès, quoiqu’elle fût écrite dans les idées du jour. Après la chute de Robespierre, il composa sous le titre de Réveil de peuple, des strophes que Gaveau

(l) Elle avait d’abord été annoncée nous le titre d'Artémidore on la Révolution de Syracuse ; mais elle fut représentée sous celui que nous indiquons ici. Cette pièce n’a pas été imprimée; la première scène seulement a été insérée dans le recueil de la société nationale des neuf sœurs (1792).