SOU
(voy. ce nom) mit en musique et qui retentirent sur tous les points de la France. On les chantait dans les rues, sur les théâtres, et ce fut souvent par opposition aux strophes de la Marseillaise. C’est cette production, bien plus qu’à ses autres ouvrages, que Souriguières a dû sa réputation. En 1796, il donna au théâtre Feydeau Myrrha, tragédie en trois actes, en vers, et Céliane, comédie en un acte, en prose, mêlée d’ariettes ; mais ces deux pièces réussirent peu. il fut plus heureux au théâtre Louvois, où une comédie en un acte, en vers, imitée de l’allemand, qu’il y fit représenter en 1797, obtint un succès mérité ; elle est intitulée Cécile, ou la Reconnaissance, et a été imprimée, Paris, an 5 (1797), in-8°. Dans le même temps, il coopérait avec Beaulieu (voy. ce nom) à la rédaction du Miroir, journal d’opposition royaliste, qui fut supprimé le 18 fructidor et dont les rédacteurs furent condamnés à la déportation, mais parvinrent à s’y soustraire. Après le 18 brumaire, Souriguières put reparaître sans danger et continua de travailler pour la scène avec des chances diverses. Il donna au théâtre Feydeau : Avis au public, ou le Physionomiste en defaut, opéra-comique en deux actes (composé avec Désaugiers), Paris, 1807, in-8° ; l’Enfant prodigue, en trois actes et en vers (avec Riboutté), Paris, 1811, in-8°. Ces deux pièces furent bien accueillies. Il n’en fut pas de même de ses tragédies d’Octavie et de Vitellie, représentées au Théâtre-Français en 1806 et en 1809, et qui tombèrent l’une et l’autre. Octavie pourtant est assez bien écrite, et St-Prix y jouait admirablement le rôle de Sénèque ; elle a été imprimée, Paris, 1806, in-8° ; Vitellie est restée inédite. Outre des Chansons patriotiques, insérées dans plusieurs recueils, on a encore de Souriguières le Second Réveil du peuple, qu’il composa en 1814, après la chute de l’empire (in-8° de 8 pages), mais qui n’eut pas le succès du premier ; les circonstances étaient toutes différentes. Depuis lors il ne publia plus rien. Souriguières avait acquis une grande expérience dans l’art de la déclamation, et il donnait de bons conseils aux élèves. D’heureuses opérations financières, entreprises avec son ami Riboutté (voy. ce nom), lui avaient procuré une certaine aisance ; mais il était presque oublié comme homme de lettres, et lui-même ne s’occupait plus de littérature, lorsqu’il mourut à Paris en mars 1837. M-n j.
SOUTH (Robert), né à Hackney dans le Middlesex,
en 1633, était à l’école de Westminster,
lorsque le roi Charles 1er fut décapité ; et ce jour là
même. on remarqua que le jeune South eut
le courage de réciter publiquement les prières
accoutumées pour le prince. Mais quatre ans
après, il adressa une pièce de vers à Cromwell
pour le féliciter de ses succès. À la mort du protecteur
les presbytériens l’emportant sur les
indépendants, South, qui était à Oxford, se déclara
contre ces derniers, et à la restauration, il
s’exerça contre les presbytériens avec autant de
zèle qu’il l’avait fait contre les indépendants.
Flatteur de tous les partis, il obtint des faveurs
de tous, et se fit recevoir en quelque façon de
force docteur en théologie. Bientôt après, il fut
chapelain du grand conseiller Clarendon, de
l’université d’Oxford, et du duc d’York, chanoine
de Chris-church à Oxford, et enfin chapelain de
Laurence Hyde, qu’il accompagna dans son ambassade
en Pologne. À son retour, il fut nommé
curé d’Yslip dans l’Oxfordshire ; il rétablit le
presbytère et le chœur de cette église, abandonna
une partie du revenu à son vicaire et en
consacra le reste a l’instruction des pauvres. Il
ne manquait à South que d’être nommé évêque,
et ce ne fut certainement pas de sa faute. Il
prêcha un jour devant le roi, et s’exprima d’une
manière si violente et si comique contre Cromwell
(1), que le roi, éclatant de rire, recommanda
à Laurence Hyde de lui rappeler South, au premier
siège vacant. Cependant on prétend que,
sous le règne suivant, celui-ci refusa plusieurs
évêchés dont on avait destitué les titulaires pour
cause d’opinion. Ce trait de délicatesse, qu’avec
raison l’on révoqué en doute, réconcilierait avec
ce transfuge. En 1693, il entreprit de réfuter
Sherlock. Cette querelle, qui fit beaucoup de
bruit et partagea l’université, est oubliée depuis
longtemps. Outre ses ouvrages de controverse,
South publiait de temps en temps des sermons
fort élaborés, mais péniblement composés et qui
sont peu estimés ; il en parut 6 volumes in-8°
après sa mort qui arriva le 8 juin 1716. On a
encore de lui : 1° Opera posthume latina, recueil
d’oraisons et des poèmes latins ; 2° Posthumous
works, qui renferment trois sermons, le voyage
de l’auteur en Pologne et les mémoires de sa
vie. C-Y.
SOUTHCOTE (Jeanne) ; visionnaire anglaise,
née au Devonshire vers 1750, passa les quarante
premières années de sa vie fort tranquillement.
Elle fut servante, travaillant quelquefois chez
un tapissier, et en même temps se montrait
assidue aux réunions des méthodistes. Un de ces
enthousiastes, nommé Sanderson, contribua
beaucoup par ses discours à faire tourner la tète
de Jeanne. On attribuait à cet homme des dons
surnaturels ; tous les domestiques le redoutaient.
« Mais. dit-elle, il n’avait pas de pouvoir sur
« moi : je pense que la salle était pleine d’esprits
« quand il priait ; ils le tourmentaient tellement,
« qu’il ne pouvait jamais dormir seul dans une
« chambre. » Elle ne savait que penser de lui,
car elle était persuadée qu’il opérant des miracles ;
mais elle ne pouvait deviner par quel esprit
(l) On peut sa faire une idée des prédicateurs anglais de ce
temps-là, par l’anecdote suivante. South prêchait devant le roi
Charles II ; s'apercevant qu’une partie de l’auditoire était endormie,
il appela par trois fois lord Lauderdale, et lorsqu’il
l’eut éveillé : « Milord, lui dit-il, je suis fâché de troubler votre
sommeil ; mais vous ronfliez si haut, que vous pouviez éveiller
Sa Majesté ; et il continua son sermon avec le plus grand
sang-froid.