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nombreux détachement arriva. Après un long combat, le comte de Sérent se jeta dans les marais de Dol, où il fut vivement poursuivi ; enfin sentant qu’il ne pouvait aller plus loin, il donna son portefeuille à un de ses compagnons d’armes, et se cacha dans un fossé, où bientôt il fut surpris et égorgé. Son frère périt à côté de lui de la même manière. Le roi Louis XVIII et le comte d’Artois apprirent la nouvelle de leur mort avec une douleur extrême, et ils écrivirent à cette occasion à leur père des lettres fort touchantes. On pensa que ces malheureux n’avaient pas fait assez secrètement à Londres les préparatifs de leur départ et que ce manque de prudence avait été cause gue le point de leur débarquement fut connu de la police du directoire, qui avait de nombreux espions en Angleterre. Les chouans trouvèrent leur portefeuille qui contenait des choses très-précieuses, notamment les grâces que Louis XVIII accordait aux officiers des troupes royales.

W-S.


SERENUS SAIIIMONICUS (Qunvrus). Voyez Sanomous.


SERGARDI (Louis), ou, comme il s’appelait lui-même, Qaínlus Seclanus, fut un des meilleurs poètes latins de son temps. Né à Sienne en 1660, il fut élevé sous les yeux de ses parents, qui n’épargnèrent rien pour cultiver ses dispositions. Ses maîtres, quoique éclairés, n’étaient cependant pas exempts du mauvais goût qui régnait alors dans les écoles. En communiquant à leur élève plus de préjugés que de savoir, ils lui imposèrent la tâche de recommencer son éducation. Envoyé à Rome pour y apprendre la jurisprudence, il se sentit entraîné vers la poésie, qui devint son occupation favorite. Il lit une lecture assidue des classiques latins, et s’attacha de préférence aux poëtes satiriques, qu’il tåchait d’imiter. Admis à la familiarité du prince Chigi, il le suivit dans sa maison de campagne à la Iticcia, où se rassemblait une société nombreuse de seigneurs romains. Sergardi examina de près les manières des grands, et il peignit leurs travers dans une satire assez amère. À son retour à Rome, il fréquenta une réunion de savants qui avait lieu dans le collége de la Propagande, pour conférer sur la théologie, l’histoire sacrée et les droits du saint-siége. N’étant qu’initié dans les études ecclésiastiques, il s’y livra avec opiniâtreté, pour ne pas se montrer au-dessous de ses confrères. Il voulut être en théologie ce qu’il avait été en littérature, le réformateur des systèmes qu’il trouvait établis ; et se déclara contre les scolastiques et les casuistes, qu’il n’é argna ni dans ses discours, ni dans ses correspondances. Il composa même, sans oser le publier, un ouvrage intitulé De ceterum philosopha. Sergardi, prôné et recherché partout, reçut l’invitation de se rendre en Toscane pour occuper une place honorable à la cour du grand-duc. Préférant la liberté aux honneurs, il aima mieux vivre chez le cardinal Ottoboni, qu’il regardait comme son SER

ami. À la mort d’Innocent XI, il fut chargé de porter la parole devant le sacré collége pour exhorter, selon l’usage, à l’élection du nouveau pontife. Le choix tomba sur son protecteur, qui prit le nom d’Alexandre VIII. et qui l’employa dans quelques négociations difficiles. Ce fut par l’ordre de ce pape qu’il entra en correspondance avec le P. Noël Alexandre pour l’engager à purger Son Histoire ecclésiastique des erreurs qui lui avaient mérité les rigueurs de la censure. Ce service lui aurait valu de bonnes récompenses, si Alexandre VIII ne fût pas mort à cette époque. Sergardi prononça l’oraison funèbre de ce pontife ; et, privé d’un tel appui. il se voua à l’étude, ne conservant d’autre ambition que de briller parmi ses rivaux. Reçu de la société des Arcadiens, il lui fut impossible d’y vivre sans querelles, quoiqu’il n’y eût pas manqué d’admirateurs. Ses vers, applaudis par la multitude, trouvèrent un intraitable censeur dans Graviua. Leurs discussions devinrent si animées, qu’un jour ils en vinrent aux mains, à la table d’un ami chez lequel l’un d’eux s’était exprimé sans mesure sur le mérite de ses collègues, et même sur des matières plus graves. Ce premier combat fut le signal d’une guerre de plume, où l’avantage devait rester au plus spirituel. Sergardi, se cachant sous le nom de Secianus, composa une satire dans laquelle il reprochait à un certain Philodème d’être le corrupteur de la religion et des mœurs. Ces vers excitèrent le rire des hommes les plus austères ; Gravina riposta par des verrines et des ïambes ; mais peu exercé à la satire, il dissimula l’outrage, et n’y répondit plus que parle mépris. Un autre critique accusa Sergardi de s’être servi de locutions barbares et d’avoir violé les règles de la syntaxe et de la prosodie. Ces observations, qui n’étaient pas sans fondement, n’at’l’aiblirent pas l’ell’et des satires ; et le triomphe du poële resta complet. On douta quelque temps de l’authenticité de ces pièces de vers, et l’on prétendit en ôter l’honneur à Sergardi, qui s’était montré inférieur dans quelques autres ouvrages. En ell’et, rien n’est à comparer à ses satires originales, où le mérite du sty e est rehaussé par la finesse des traits et la richesse des images. Fabroni a éclairci ces doutes par des preuves si positives, qu’il n’est désormais plus permis de les partager. Les satires de Sergardi parurent pour la première fois au nombre de quatorze ; elles furent ensuite portées jusqu’à dix-huit. Parmi les quatre dernières, il y en a une sur la mort de Clément XI qui mériterait d’être désignée sous un autre titre, puisqu’elle n’ol’l’re que l’éloge de ce pontife. Décoré du titre de monseigneur, ce poële fut nommé préfet de la basilique vaticane, dont il se plut à orner le vestibule. Non content d’avoir élevé la statue équestre de Charlemagne sous les portiques, et avé de larges daïles la place de St-Pierre, il voul)ut entourer de petites colonnes l’obélisque qui