Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 4.djvu/162

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BER ’ heures, les médecins lui conseillèrent un voyage dans son pays. Il partit, et ce ne fut qu’en 1750 qu’il recouvra la santé. Son esprit reprit en même temps toutes ses forces ; il se remit à ses travaux, et les continua dans la retraite qu’il s’était choisie a Gahard, près de Rennes. Il s’y livrait aussi a l’éducation de ses enfants. Sa réputation, ses lumières, son désintéressement, lui avaient acquis la confiance générale ; et de tous les points de la Bretagne il était consulté sur les maladies rares et extraordinaires. Au milieu de ses occupations, il fut, le 21 février 1781, attaqué d’une tluxion de poitrine, dont il mourut au bout de quelques jours. Bertin, soit avant, soit depuis sa première maladie, a fourni beaucoup de mémoires au recueil de l’académie des sciences. Les plus importants sont les trois qui traitent de la circulation du sang dans le foie du fœtus. On a aussi de lui : 1° Traité d’ostéologie, Paris, 175-1 ; et ibid., 1785, 4 vol. in-12, qui lit une grande sensation dans son temps et mérite d’être consulté encore dans le notre. C’est la l" partie d’un Traité général d’anatomie qu’avait médité Bertin ; la 2° partie, restée inédite, et contenant un traité des vaisseaux, fut présentée à l’académie des sciences et à la faculté de médecine, et on a trouvé dans les papiers de l’auteur les matériaux de quelques autres traités. 2° Lettre au D...... sur le nouveau système de la voix, la Haye (Paris), 1745, in-8° L’auteur, ainsi que Ferrein, considère le larynx comme un instrument a cordes, par opposition à Dodartqui en faisait un instrument a vent ; mais il fait dépendre les sons aigus du resserrement des ligaments de la glotte, et les graves de son relâchement, ce qui est l’opposé de ce que croyait Ferrein. Ce dernier, ou son élève Montagnat, publia une réponse qui inspira à Bertin de nouvelles Lettres sur le nouveau système de la vois : et sur les artères lymphatiques, ibid., 1748, in-12, où, sous le voile de l’anonyme, il défendit pied à pied son opinion, et revendiqua avec force ses droits. 5° Consultation sur la légitimité des naissances tardives, sans nom de ville (Paris), 1764 et 1765, in-8°. Elle est fondée sur le seul motif que, s’il y a des naissances précoces, il doit y en avoir aussi de tardives. 4° Mémoire sur les conséquences relatives à la pratique, déduites de la structure des os pariétauœ (inséré dans le Journal de médecine, 1756). Bertin a laissé" inédits des Mémoires sur la Moldavie. Condorcet a fait son éloge. D. N—1..

BERTIN ( Hnunt-Lâonsnn-Jean-Bsrrxsra ), contrôleur général des finances, naquit en 1719, dans le Périgord, d’une ancienne famille de robe (1). Conseiller en 1741, puis président au grand conseil en 1750, il fut l’un des commissaires chargés d’instruire le procès de Mahé de la Bourdonnais (voy. Mami) ; et, suivant Voltaire, ce fut principalement à son équité que le vainqueur de Madras dut une justice qu’il ne tint sans doute pas à Bertin de rendre plus prompte (2). De l’intendance de Roussillon, il (1) Ilsvslt les titres de comte de Bourdeilles, seigneur de Brantome et premier baron du Périgord. m(2)’.Ys|·, dans les œuvres de Voltaire, ’Frsgsunts sur l’Inde,

BER 157 ’ passa bientôt (1754) àcelle de Lyon, où il se fit connaître par ses talents comme administrateur. Admis à l’académie de cette ville, il lui fit don d’un herbier des Pyrénées, formé par Barrère (voy. ce nom), habile botaniste. Il fut nommé en 1757 lieutenant général de police à Paris, et mérita dans cette place importante la confiance du roi, en sachant se ménager la protection de madame de Pompadour. Les finances étaient dans la situation la plus déplorable ; et les contrôleurs généraux, qui se succédaient r api clément, n’imaginaient aucun moyen de remédier. aux embarras du trésor, qu’augmentait encore la nécessité de soutenir une guerre dont il était impossible de calculer la durée. Silhouette (voy. ce nom), en butte à la haine et au mépris des courtisans qui contrariaient toutes ses opérations, en les décriant d’avance, fut obligé de se retirer, et le roi jeta les yeux sur Bertin pour le remplacer (octobre 1759). · Trop habile pour ne pas prévoir toutes les difficultés qu’il aurait à vaincre dans cette place, il ne cacha pas la répugnance qu’il éprouvait à l’accepter ; et lorsqu’il alla remercier le roi, il lui demanda la permission de s’en démettre lr la paix. et Je vois, lui dit ce prince, que vous connaissez la place que je a vous confie. » Jamais aucun ministre ne s’était trouvé dans un plus grand embarras. Les coffres étaient vides, les revenus dépensés par anticipation ; et le refus de payer les billets des fermes avait, en alarmant les prêteurs, détruit toute espèce de crédit. La première opération de Bertin fût d’ouv1 ir un emprunt viager, dans lequel il admit, avec des sommes effectives, les créances sur l’État qui n’avaient aucune valeur. C’était offrir aux prêteurs l’appàt d’un intérêt énorme ; mais, pour soutenir la guerre, il fallait de l’argent à quelque prix que ce fût ; et, malgré l’espérance de gros bénéfices, les capitalistes ne se montraient rien moins qu’empressés de porter leurs fonds au trésor. Cependant la confiance qu’inspirait la loyauté du nouveau ministre lui fit trouver ’ des ressources là où il ne pouvait pas l’espérer (I). (1) Bertin fit créer par édit (1760) un octroi dans les villes et bourgs du royaume, et les parlements flrent des remontrances. Un précédent édit (aout 1759) avait établi un droit sur les cuirs, m igré la résistance des parlements. Un autre édit (février 1760), en supprimant celui de subvention, créa, pour en tenir lieu, un nouveau vingtième avec augmentation de captation, et les parlements, les chambres des comptes et les cours des aides refusèrent l’enregistrement. Des difficultés s’élevaient aussi sur le payement du don gratuit. On connait par la volumineuse correspondance de Bertin, dont l’auteur de cette note a les originaux, quels étaient alors les embarras du pouvoir. Il lui fallait sans cesse avancer et reculer. On voit Bertin blâmer l’intendant Feydeau de Brou de s’être laissé effrayer au point d’avoir pris sur laide suspendre la publication et ramene d’un arrêt du conseil (24 juillet 1760) ; on voit le ministre réduit à méditer des moyens violents. Il demande au chancelier Communication des pièces sur les deux interdictions du parlement de Rouen, sorts le chancelier Poget et sous le chancelier Séguier. Il écrit au chancelier(Lamoignon de Blancmesnil), le 24 février 1760, que « si les résolutions du conseil restent toujours ainsi sansxexécutlon, il sera a très-difficile de penser à agir de quelque façon que ce soit. » La lutte était alors vivement engagée ; les parlements refusaient de déférer aux lettres de jussion. Les pays d’états entraient aussi dans la, résistance des cours souveraines. l/histoire de cette lutte et de cette résistance, qui arnenèrent dix ans plus tard la dissolution des parlements et enfin la révolution de 1789, n’a pas encore été écrits avec des documents complets ; ce serait un livre historique riche en enseignements et en utiles et hautes le• ;··ns. V-vs.