Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 4.djvu/163

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|§8 BER. Le prince de Conti, l’ennemi déclaré de Silhouette, offrit à Bertin 500,000 fr. qui lui furent très-utiles dans ce pressant besoin ; et cet exemple trouva des imitateurs. Le hasard vint aussi quelquefois à son secours. instruit que l’argent manquait pour le prêt des troupes en Allemagne, Bertin avait expédié un’ courrier à Strasbourg, pour négocier avec les juifs un emprunt à quatre pour cent par mois. Son cour-1·ier était à peine parti qu’il reçut la nouvelle dela défaite de l’escadre française, commandée par le marquis de Conflans (20 novembre 1759). Il contremanda son courrier, et, mettant a profit un malheur irréparable, il se halta d’expédier en Allemagne l’argent qui se trouvait sur les vaisseaux rentrés dans la Vilaine. Malgré tant de sollicitudes que lui donnait l’état du trésor, Bertin put s’occuper utilement d’encourager le commerce et l’agriculture. On lui dut Pétablissement à Paris et dans les provinces des sociétés d’agriculture chargées d’éclairer les cultivateurs sur les moyens d’augmenter lem-s récoltes, et d’indiquer au ministère les modifications dont les anciens règlements pourraient être susceptibles. Il faut le regarder aussi comme le fondateur des écoles vétérinaires en France, puisque c’est à sa protection éclairée que Bourgelat (voy. ce nom) dut les fonds nécessaires pour établir celle de Lyon, la plus ancienne du royaume. Le gouvernement avait promis de supprimer à la paix le second et le troisième vingtième, qui ne lui avaient été accordés que pour soutenir la guerre ; le trésor était trop obéré pour qu’il fùt possible de tenir cette promesse imprudente. La cour pensa qu’un lit de justice étoufferait à leur naissance les murmures du parlement ; mais l’enregistrement forcé des édits bursaux fut suivi de représentations dont le duc de Choiseul feignit d’être effrayé. Bertin, en corrigeant ses plans, laissa voir aux parlements que la cour les craignait : et l’opposition parlementaire en devint plus menaçante ; le cont1·ôleur se hàta de donner sa démission. Il fut remplacé par l’Averdy. (Voy. ce nom.) En quittant le ministère (1765) où il s’était conduit avec plus de fermeté qu’on ne devait l’attendre d’un protégé de madame de Pompadour (ll), Bertin conserva sa place au conseil avec le titre et le traitement de ministre d’État. Un jour Louis XV, s’entretenant avec lui des moyens de réformer les abus, finit par lui dire qu’on n’y réussirait jamais sans refondre entièrement l’esprit de la nation, et il le pria de songer de quelle mapiére on pourrait y parvenir plus sûrement. Quelque temps après, Bertin dit au roi qu’il croyait avoir trottjé le secret de satisfaire à ses vœux. « Et quel et est-il ? demanda le monarque. — Sire, répondit a Bertin, c’est d’inoeuler aux Français l’esprit chinois. Telle est, suivant Grimm, à qui nous empruntons cette anecdote qu’il est permis de suspecter (voy. la Correspondance, novembre 1785), la cause du zèle que Bertin montra pour tout ce qui concer(I) ll sut, dit Momyon, résister avec fermeté aux prétentions du duc de Choisenl et même à celles de madame de Pompadonr. En offrant sans cesse sa démission, il garda sa place qu’il ne quitta, Itmme il l’ava1t annoncé, qu’après la signature de la paix en 1763.

BER nait la Chine, zèle auquel nous sommes d’sillrm redevables des Mémoires sur les Chinois (boy. Amor), un des ouvrages les plus importants du dernier siècle. L’histoire de France ne doit pas moins à Bertin que celle de la Chine : c’est lui qui fit recherche ri Paris, dans les provinces et jusque dans la Tour de Londres, les documents inédits propres à répandre quelque lumière sur les temps encore obscurs de la monarchie. Il entretenait une correspondance suivie avec les savants qui se livraient à ces pénibles recherches, et les encourageait par des éloges et par des gratifications qui leur furent payées jusqu’à l’époque où la révolution vint suspendre leurs travaux, et même leur en dérober le fruit. (Voy. Bnsomcxvr et

GRAPPIN.) (Test à lui que la manufacture de Sèvres a du son développement ; il eu con ragea aussi l’exploitation des mines, et fit traduire de l’allemantl les meilleurs ouvrages métallurgiques. La protection que Bertin accordait aux lettres lui mérita d’ètre admis dans la classe des membres honoraires à l’académie des sciences, en 1765, et à celle des inscriptions, en 1772. Il était aussi commandeur des ordres du St-Esprit et de St-Michel. Après la retraite du due d’Aiguillon (1774), il tint le portefeuille des ” affaires étrangères jusqu’à la nomination de Vergennes. À la révolution, Bertin fut si complètement oublié que son nom ne se trouve pas une seule fois ) dans le Moniteur. Il figure cependant encore dans la liste des académiciens honoraires en 1792 ; mais a comme il a disparu de celle de l’année suivante, on peut en conclure qu’il mourut en 1792, âgé d’environ 75 ans. On trouve quelques détails sur Bertin 1 dans les l’art icularilés sur les ministres des finances, édit. de Londres, p. 145, et dans l’Histoire du 18’ siècle, par M. Lacretelle. Dutens rapporte dans les Mémoires d’un voyageur qui se repose, t. 2, p. H5, une aventure extraordinaire arrivée à Bertin, et qu’il avait racontée lui-mérne à madame de Choiseul. On a le portrait de ce ministre, gravé par Gaillard, d’après Iloslin, in-fol., et par Cathelin, in-1’.-Un autre Bnnrm (Pierre-Vincent) avait été trésorier général du sceau, puis des parties casuelles, , sous le règne de Louis XIV. Sa vie n’offre aucune particularité remarquable. On a deux beaux portraits de lui gravées par G. Edelinck et Vermeulen, d’après Largilliére et Rigaud, in-fol. W-s.

BERTIN DE BLAGNY (Aocus-r1=:·Loms), membre de l’académie des inscriptions, était parent du contrôleur général, qui ne fut sans doute pas inutile à son avancement. Il entra jeune dans la carrière des finances, obtint en 17·12 la charge de trésorier général des fonds particuliers du roi (bureau des parties casuelles ). Il s’y maintint jusqu’à la SIIPPWP sion de cette caisse, qui fut réunie au domaine en janvier 1788, et il consacrases loisi1·s à la culture des lettres. Admis en 1749 à l’académie des inscriptions, dans la classe des associés, il lui tXl¤lmuniqua deux mémoires ; l’un intitulé : Ré/iraient sur la vémtlité des charges en France, imprimé pst extraits dans le recueil de cette savante compagnie t. 22, p. 278 ; et l’autre, Dissertation sur les UW tiages royauœ, t. 24, p.’ 757. En 1759, il passa CHN