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Institutio theologica juxta omnia dogmata, scolastico servo instructa. Venise, 1746, 4 vol. in-4°. C’est un cours de théologie d’après le système de Scot. 4° Bibliotheca scriptorum ordinis minoram sanctí Francisci Capuccinorum. etc. ibid., 1747, in-fol. C’est une réimpression de l’ouvrage du P. Denis, de Gènes (voy. ce nom), avec un grand nombre d’additions. L’ordre des Capucins avait fourni, jusqu’en 1745, mille quatre-vingt-deux écrivains. 5° Lettera ad Maresciallo Keith sopra il vano timor della morte (par Frédéric II) rifutata, Bologne, 1766, in-8°. Voy. Fantuzzi, Scrittori bolognesi, t. 9, p. 101.

A—g-s.


TOSETTI (Urbain), philosophe, né à Florence et élevé chez les jésuites, embrassa l’institut des pianistes et vécut à Rome sous les pontificats de Benoît XIV et de Clément XIII. Il y professait la philosophie lorsque les affaires de la société en Portugal le jetèrent dans la polémique, et on le vit parmi les plus violents adversaires des jésuites. Il venait de recevoir la nomination de recteur au collège de Parme, lorsqu’il mourut à Rome le 9 mars 1768. Son principal ouvrage est intitulé De societate mentis et corporis dissertation psycologico-physica, Rome, 1754, in-&°. L’auteur soutient qu’il faut accorder à l’âme quelque étendue : « Parce qu’exerçant une action quelconque sur le corps, elle doit nécessairement se trouver présente dans cette partie du cerveau où aboutissent les nerfs. Quelque imperceptible que soit ce point, c’est toujours un espace physique qui suppose de l’étendue dans l’âme. » Cet argument n’était pas nouveau : il fut combattu dans l’ouvrage de Bacchetti intitulé

In locam quemdam disputationis de societate mentis et corporis animadversiones. ibid., 1755, in-8°.

A—g-s.


TOSSA-LEBRUN. Voyez Lebrun.


TOSTAT (Alphonse), célèbre théologien espagnol, naquit au commencement de l’année 1400 à Madrigalejo, petit bourg de l’Estramadure. Envoyé par ses parents à Salamanque, il y termina ses études de la manière la plus brillante et reçut le doctorat à vingt-deux ans ; il avait, à cet âge, déjà parcouru le cercle des connaissances humaines. Savant dans les langues, et particulièrement dans le grec et l’hébreu, il possédait à fond la théologie, la philosophie, le droit civil et canonique, et s’était rendu très-habile dans les mathématiques, la géographie et l’histoire. Il fut pourvu d’une chaire de théologie, qu’il remplit avec éclat, et, malgré sa grande jeunesse, fut député au concile de Bâle, où il se signala par son érudition et par son éloquence. Après la clôture de cette assemblée il se rendit en Italie. Étant à Sienne, il y soutint, en présence du pape Eugène IV, vingt-et-une propositions théologiques, dont quelques-unes n’eurent pas l’approbation du pontife. Le cardinal Jean de Torquemada fut chargé de réfuter les deux suivantes : Quoiqu’il n’y ait aucun péché qui ne puisse se remettre, Dieu toutefois ne remet ni la peine ni la coulpe, et aucun prêtre n’en peut absoudre. — Jésus- Christ a souffert la mort le 3 avril, et non pas le 25 mars, comme on le croit communément. Tostat lui répliqua par l’ouvrage intitulé Défense des trois conclusions ; mais quoiqu’il eût déclaré qu’il se soumettait au jugement du pape et de l’Église, on trouva qu’il y montrait peu de déférence pour l’autorité du souverain pontife (voy. les Annales de Sponde, année 1443). Il ne tarda pas à retourner en Espagne ; et, peu de temps après, il fut fait évêque d’Avila, membre du conseil royal de Castille et grand référendaire. Ce prélat mourut le 3 septembre 1454, à l’âge de 55 ans[1]. Tostat était doué d’une mémoire prodigieuse, d’un esprit vif et pénétrant et d’une ardeur infatigable. Le nombre de ses écrits est si grand, que ses compatriotes ont calculé qu’il avait employé cinq feuilles par jour, l’un portant l’autre[2]. Ses Commentaires sur les livres historiques de la Bible et sur l’Évangile de St-Matthieu furent publiés pour la première fois à Venise, en 1507, par les soins du cardinal Ximénès. Ils ont été réimprimés dans cette ville et à Cologne. L’édition la plus estimée est celle de Venise, 1596, 13 vol. in-fol., dont le dernier contient l’Index ou table générale des matières. Les commentaires de Tostat sont si diffus, dit Rich. Simon, que l’on pourrait aisément en retrancher une bonne partie sans qu’ils fussent pour cela moins exacts ; mais il est heureux dans ses digressions, et la lecture peut en être utile, parce qu’il est savant et exercé dans le style de la Bible (Histoire critique du Vieux Testament, t. 3, p. 149). Suivant Mosheim, ces commentaires mystiques et allégoriques ne sont remarquables que par le poids des volumes (Histoire ecclésiastique, t. 3. p. 403). À la suite des commentaires de Tostat on a réuni les opuscules suivants : la défense des trois conclusions ; cinq paradoxes : l’un sur le nom de vase que l’on donne à la Ste-Vierge, et les quatre autres sur les titres de lion, d’agneau, de serpent et d’aigle qui conviennent à Jésus-Christ ; un traité de la Trinité ; un de l’état des âmes après la mort ; un de la meilleure manière de gouverner les peuples ; un sur ces paroles d’Isaïe : En virgo concipiet, et enfin un contre les prêtres concubinaires. Parmi les autres ouvrages de Tostat, on cite un commentaire, en espagnol, sur la Chronique d’Eusèbe, imprimé, suivant quelques biographes, à Salamanque, 1506, 5 vol. in-fol. « Je ne connais pas, dit Lenglet-Dufresnoy, de livre plus rare : et je ne sais même pas s’il en existe un seul exemplaire en France » (Méthode pour étudier l’histoire). — Quatorze questions, en espagnol, sur l’histoire sacrée et la mytholo-




  1. La plupart des auteurs espagnols prétendent que Tostat n'avait que quarante ans quand il mourut ; mais c'est une erreur évidente qu'ils ont accréditée pour donner une plus haute idée de la fécondité déjà si prodigieuse de leur compatriote. Voy. la Bibl. de Chacon.
  2. Si scripta diabus quibus vixit conferentur deprehendimus singulis diabus quinque chartaceas plicas scriptitasse. Bibl. de Chacon, art. Alf. Testat.