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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 43.djvu/20

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nommer par la chambre un comité spécial chargé d’examiner l’état du commerce et de l’industrie, et d’en faire un rapport. Cette proposition ne fut pas admise ; mais les idées que Vaublanc développa à cette occasion obtinrent une certaine faveur et ne furent pas sans influence sur la création postérieure du conseil de commerce et des manufactures. Aux élections générales de 1824, Vaublanc fut réélu par le collége départemental du Calvados : il parla dans cette session en faveur du projet de loi sur la septennalité, et soutint que cette mesure était également favorable aux libertés publiques et à l’autorité royale. L’avènement de Charles X n’apporta aucun changement notable dans sa situation politique. Il fut rapporteur du projet de loi sur la liste civile de ce prince, et se prêta volontiers à l’inspiration conciliante qui porta le nouveau roi à y assurer par des dispositions spéciales une position de fortune in commutable au duc d’Orléans et à sa famille. Vaublanc prit part, en qualité de commissaire du roi, à la discussion de la loi sur l’indemnité des émigrés. On le vit avec intérêt, dans cette circonstance, s’unir à un député de la gauche, M. Basterrèche, pour glorifier le courage civil, vertu bien autrement rare et estimable que la valeur militaire, cet objet presque exclusif des hommages de la multitude. Dans la discussion du budget de 1827, il répondit à B. Constant, qui réclamait l’inamovibilité pour le conseil d’État, que si ce principe était admis, la responsabilité ministérielle ne serait plus qu’un vain mot, que les conseillers d’État se croiraient à l’abri de la direction des ministres, et que ceux-ci ne pourraient être raisonnablement engagés par leurs avis. Le retrait du projet de loi sur la police de la presse ayant donné lieu à la proposition la Boëssière, dont l’objet était de veiller à ce que l’honneur de la chambre ne fût pas attaqué impunément, il fut nommé rapporteur de cette malencontreuse proposition et membre de la commission qui en devint le produit ; mais son mandat, terminé par la dissolution de la chambre, en 1827, ne fut pas renouvelé. Le comte de Vaublanc avait perdu de son crédit auprès de Charles X durant l’administration de M. de Villèle. Ce ministre, avec lequel il était depuis longtemps en opposition ouverte, avait obtenu du roi la suppression des libres entrées dont jouissait Vaublanc, ainsi que quelques autres conseillers intimes. Malgré cette apparente défaveur, le bruit courut plusieurs fois de son retour aux affaires, où les exhortations du prince de Talleyrand, dit-on, inclinaient in le porter. On prétendit que Charles X lui-même en témoigne plus d’une ois l’intention, et que, au milieu des embarras qui l’assaillaient, il regretta souvent que le système électoral de Vaublanc n’eût pas été adopté. Nés avec la restauration et grossis dans son cours, ces embarras avaient sollicité dès longtemps la prévoyance politique de l’ancien ministre. « Depuis sept ans, disait-il en 1822, le gouvernement n’a travaillé qu’à s’affaiblir, et c’est une vérité incontestable que tous les gouvernements faibles doivent périr.» Quelques mois avant les ordonnances de juillet 1830, Vaublanc avait adressé à Charles X, par l’entremise de M. de Chabrol, ministre de la marine, un mémoire où se trouvaient indiquées diverses mesures propres à détourner la crise qu’il appréhendait. Les plus importantes consistaient en une convocation extraordinaire des principales notabilités de la France pour délibérer sur les conjonctures actuelles, et l’établissement du gouvernement dans une ville forte du Nord, où l’on eût attendu que l’exaltation des esprits de la capitale vînt à se calmer. Tout porte à croire que ce mémoire ne fut pas remis au roi. Il est douteux, au surplus, que les mesures proposées par Vaublanc eussent réussi à conjurer les périls qui menaçaient la monarchie. Vaublanc fut rendu momentanément à la vie publique par une des ordonnances du 25 juillet, qui l’appelait à participer aux délibérations du conseil d’État, avec MM. Franchet, Delaveau, Forbin des Issarts, Castelbajac et plusieurs autres royalistes, que l’ardeur de leurs opinions en avait fait écarter précédemment. Il ne fut point d’ailleurs dans la confidence du coup d’État projeté, et ne devina l’emploi de mesures extraordinaires qu’à la physionomie préoccupée de Charles X, qu’il vit à St-Cloud quelques instants avant l’adoption définitive de cette grave détermination. La révolution de 1830 devint pour le comte de Vaublanc le signal d’une retraite absolue. Mais cette retraite fut laborieuse, comme l’avait été la vie entière de cet homme d’État. Malgré ses infirmités, qui croissaient avec l’âge, il en consacra les loisirs à d’utiles études sur des questions d’économie politique et d’administration. Ce fut ainsi qu’il publia, en 1833, un Essai sur l’instructíon et l’éducation d’un prince au 18e siècle, Paris, in-8°, ouvrage écrit pour le duc de Bordeaux, plein de vues estimables et de considérations judicieuses, et plusieurs autres opuscules politiques. Vaublanc chercha de nobles délassements dans l’art de la peinture, qu’il cultivait non sans succès, et se livra avec ardeur à son goût passionné pour l’équitation, exercice auquel il n’avait jamais renoncé, même pendant la courte durée de sa carrière ministérielle. Il donna également l’essor à son penchant inné pour la poésie, et fit paraître successivement le Dernier des César : (1819-1836, in-8°), épopée où le mérite d’une noble conception est rehaussé par une versification pure, animée, abondante en images ; et des tragédies, dont les principales ont pour titre : Soliman II, Attila, Aristomène, etc. Ces essais dramatiques, qui présentent des qualités analogues au poëme épique dont nous venons de parler, ont été recueillis en 1839 en un volume in-8°, tiré seulement à deux cents exemplaires. En 1833, Vau-