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a été écrite avant sa mort, par le baron de B***, Paris, 1818, in-12. Diverses notices sur son compte se trouvent éparses dans la Revue encyclopédique, le Constitutionnel, les Zeitgenossen, etc., et à la tête des Mémoires historiques et militaires sur Carnot, rédigés d’après ses manuscrits, sa correspondance inédite et ses écrits ; par P.-F. Tissot, Paris, 1824, in-8o ; — Son fils ainé (Sady), qui était capitaine du génie, est mort en 1852, victime de l’épidémie cholérique. Il avait publié, en 1824, des Réflexions sur la puissance motrice du feu et les machines propres à la développer. in-8o. — Le second (Hippolyte), qui avait accompagné dans son exil, se propose de publier les œuvres de son père, précédées de mémoires sur sa vie.

M-d j.

CARNOT-FEULINS (Claude-Marie), frère de Lazare Carnot, naquit comme lui à Nolai le 15 juillet 1755. Il entra au service, à la sortie de ses études, en qualité de lieutenant au corps du génie ; il était capitaine et chevalier de St-Louis quand la révolution éclata. Il en accepta les principes, mais avec plus de modération que son frère Lazare. Établi dans le département du Pas-de-Calais, il en fut nommé administrateur en 1790, président de l’assemblée électorale, puis député à l’assemblée législative en 1791. Membre du comité militaire de cette assemblée, il y fut chargé d’un grand nombre de rapports, notamment sur la réorganisation de la gendarmerie, sur le licenciement de la garde constitutionnelle du roi, mesure qu’il fit décréter après avoir demandé la permanence de l’assemblée, lors de l’accusation portée contre cette garde et le comité autrichien. Il attaqua plus d’une fois les ministres et s’opposa à ce que l’on déportât les prêtres sur la dénonciation de vingt citoyens. Au 20 juin, il fut nommé l’un des commissaires de l’assemblée pour se rendre au château. Il vote la levée de la suspension prononcée par le roi contre Manuel et Pethien, à l’occasion de l’attentat commis dans cette journée. Le 10 août, il fut encore au nombre des commissaires envoyés à l’hôtel de ville de Paris, et qui ne purent y pénétrer. Accueillis par le feu des Suisses sur la place du Petit-Carrousel, ces commissaires rentrèrent au sein de l’assemblée nationale, ou Carnot-Feulins proposa d’inviter le roi, qui y parut un moment après avec ses accusateurs, à se rendre dans la loge du logographe près du président, proposition qui fut adoptée à l’unanimité. Ensuite il provoqua le renvoi de commissaires aux armées, et fut lui-même chargé de présider à l’établissement d’un camp sous Paris, où maintes fois il connut les plus grands dangers, en voulant rétablir l’ordre au milieu de l’effervescence populaire. Après la session, nommé directeur du département général des fortifications, il fut envoyé à la frontière du nord pour y vérifier l’état des armées et pourvoir à la défense de cette frontière. Il se rendit successivement aux armées de la Meuse et du Rhin, pour les retirer de leurs cantonnements et les mettre de nouveau en campagne. De retour à Paris, il fut appelé près du ministre de la guerre pour y exercer une surveillance générale sur tout ce département. Quelque temps après, à l’époque du siège de Dunkerque par les Anglais, il dirigea les fortifications de cette place. Après la bataille de Hondschoote et la levée du siège de Dunkerque, il en fit considérablement augmenter les fortifications, ainsi que toutes celles de cette frontière, menacée par des forces imposantes. Il coopéra, en 1795, à la prise de Furnes, enlevée de vive force à l’ennemi, puis à la victoire de Watignies, dont le déblocus de Maubeuge fut la conséquence immédiate. Il prépara ensuite le retablissement du port d’Ambleteuse, dans l’intention où était alors le gouvernement de diriger une attaque sérieuse contre l’Angleterre. Nommé membre du comité des fortifications, il présenta pour la défense des places des projets d’améliorations qui furent approuvés. Accusé, en 1794, par le fameux Hébert de modérantisme et d’aspirer au ministère de la guerre, ces imputations n’eurent aucune suite. Il fut, en l’an 4, appelé près de son frère Lazare Carnot, alors directeur, et plus tard proscrit avec lui au 18 fructidor an 5. Il était alors général de brigade : il fut destitué, et, forcé de quitter Paris, il se retira en Bourgogne près de sa famille. Il y resta jusqu’au 18 brumaire on 8. Réintégré dans son grade, à cette époque, il fut successivement employé à l’armée du Rhin et à l’armée de réserve. Il se trouvait près de Lazare Carnot, alors ministre de la guerre, lorsque celui-ci donna sa démission. Le premier consul, irrité contre le frère aîné, tourna son mécontentement contre le plus jeune, et lui enjoignit de se rendre à Brest pour y prendre le commandement du corps du génie dans l’expédition de St-Domingue ; mais celui-ci allégua une attaque de goutte pour se dispenser d’obtempérer à cet ordre. Bonaparte ne se paya pas de cette excuse ; il manifesta en termes fort vifs son mécontentement : Carnot-Feulins envoya sa démission, et demeura sans emploi et sans traitement d’aucune sorte jusqu’à l’abdication de l’empereur, en 1811. Alors seulement il recouvra son grade et ses fonctions d’inspecteur général du génie. Fidèle aux engagements qu’il venait de prendre avec les Bourbons, Carnot-Feulins, à l’époque du débarquement de Napoléon, écrivit au duc de Berri pour lui offrir ses services. La lettre demeura sans réponse. Nommé pendant les cent jours membre de la chambre des représentants par le département de Saône-et-Loire, Feulins fut un des secrétaires de cette assemblée, et, après le désastre du Mont-St-Jean, proposa de décréter que l’armée avait bien mérité de la patrie. Il fut chargé avec ses collègues du bureau d’aller porter à Napoléon l’acte par lequel la chambre acceptait sa seconde abdication. Son frère. Lazare étant alors appelé à faire partie du gouvernement provisoire, Carnot-Feulins fut chargé par interim du portefeuille de la guerre, et ne le garda que jusqu’au retour du roi, le 8 juillet 1815. Quelque temps après, il fut mis à la retraite par suite de la mesure qui y plaçait tous les officiers généraux ayant plus