Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 7.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

résister à l’intérêt puissant que tous les magistrats et les principaux citoyens montrèrent pour Catulus, il se désista de sa poursuite. Catulus n’y survécut pas longtemps ; il mourut en 691. Il s’était acquis une grande autorité par sa conduite grave et uniforme, par ses vues pures, par son amour du bien public, et par son attachement aux principes aristocratiques. Cicéron le loue surtout de sa fermeté, que la crainte du danger et l’espoir de la faveur populaire n’altérèrent jamais.

Q-R—y.


CAUBLOT (Hubert), né à Poinson-lez-Nogent, le 3 novembre 1119, fut nommé, jeune encore, un des directeurs du séminaire de Langres. Il était fort instruit surtout dans les matières ecclésiastiques, le chant d’église et les cérémonies du culte. Dès longtemps il avait composé sa Méthode de plain-chant qui ne fut imprimée qu’en 1777, l vol. in-12. Cet ouvrage est regardé comme méthodique, savant et clair, et l’ou y remarque l’enchaînement et la liaison des principes. Un autre ouvrage, qui n’est sans mérite, sortit aussi de la plume de l’abbé Caublot : c’est le Cérémonial á l’usage du diocèse de langres, 1 vol. in-12. Cet ecclésiastique mourut à Langres, le 1er avril 1781.

D-B-s.


CAUCHE (François), voyageur français, qui a publié, en 1651, une des premières relations sur l’île de Madagascar, où il avait séjourné pendant trois ans, suivant Flacourt. Il était né à Rouen, de basse extraction, et n’avait pas fait d’études. Se trouvant à Dieppe à l’âge de vingt-deux ans, et porté, dit-il, par la curiosité naturelle à l’homme de voyager, il s’embarqua, comme soldat, sur un bâtiment commandé par Alonse Goubert, natif de Dieppe. Le but de ce navigateur était d’aller dans

la mer Rouge, et de commencer un établissement à l’île Maurice, maintenant l’île de France ; mais ils la trouvèrent occupée par les Hollandais. Obligés de relâcher à Madagascar, Gauche y resta avec un petit nombre de Français, parcourant l’île dans plusieurs directions différentes, et se trouvant toujours bien accueilli par les naturels du pays. Une compagnie s’étant formée en France pour établir une colonie dans cette île, Pronis, qui était le chef de cette expédition, voulut contraindre Cauche de se réunir à lui, ainsi que ses compagnons ; mais celui-ci aima mieux revenir en France, sur un bâtiment commandé par un sieur Régimont. Suivant lui, après avoir passé aux Îles Comores, ils entrèrent dans la mer Rouge, où ils firent le métier de pirates et prirent plusieurs vaisseaux arabes ou malandres, et revinrent en Europe, après avoir touché à Madagascar. De retour en France, il excita la curiosité par ses récits. Morisot de Dijon rédigea la relation des voyages de Cauche ; elle fut publiée sous le titre suivant : Relations véritables et curieuses de l’île de Madagascar et du Brésil ; savoir, Relation du voyage de François Cauche, de Rouen en l’île de Madagascar, îles adjacentes et côtes d’Afrique, en 1638, et autres pièces, Paris, 1651, in-4°. La relation de Cauche est réunie à quelques autres voyages, entre autres à celui de Roulon Baro au Brésil, à celui de Moreau dans la même contrée, et à ceux de Lambert et d’Abère en Égypte. La simplicité du récit de Cauche est faite pour inspirer la confiance ; il raconte ce qu’il a vu, et, malgré son peu d’éducation, il ne paraît pas donner dans le merveilleux. On sent que les notions qu’il donne sur les objets d’histoire naturelle sont fort imparfaites ; cependant on reconnaît la plupart de ceux dont il parle, tandis que le rédacteur de cette relation se trompe souvent dans les notes marginales qu’il y a ajoutées. Flacourt, qui succéda à Pronis dans la direction des établissements français à Madagascar, et qui a publié une relation de son voyage, dix ans après celle de Cauche, dit beaucoup de mal de ce dernier ; il l’accuse d’en imposer sur les voyages qu’il dit avoir faits dans l’île jusqu’à la baie d’Antongil, et prétend qu’il ne raconte celui de Comore, de Boamaro, de Ste-Marie, de l’île Socotora et de la mer Rouge, que d’après ce qu’il avait entendu dire aux matelots qui avaient fait cette course avant son embarquement. Flacourt prétend que Cauche n’a pas bougé de Madagascar, tout en reconnaissant qu’il parle assez raisonnablement de Carcanossi où il avait demeuré ; mais qu’il s’est trompé dans le dialogue qu’il a fait imprimer en langue madécasse, qu’il n’y a point de nègre de l’île qui le puisse entendre. Ces inculpations peuvent être vraies jusqu’à un certain point ; mais, d’un autre côté, on peut croire que Flacourt était prévenu contre un homme qu’il regardait connue un aventurier sans éducation. La relation de Cauche est importante sous plusieurs rapports ; elle donne une beaucoup meilleure idée des habitants de Madagascar que celle de Flacourt.

D-P-s.


CAUCHON (Pierre), évêque de Beauvais dans le 15e siècle, se rendit tristement fameux par la condamnation de Jeanne d’Arc. Les historiens le représentent comme un partisan fanatique des Anglais, qui déshonora son ministère par ses vices et par sa cruauté. Les habitants de Beauvais, connaissant son attachement servile aux ennemis de la France, le classèrent de son siège en 1429. Il suivit alors la cour d’Angleterre, et sembla ne respirer que la ruine de sa patrie. Jeanne d’Arc ayant été prise, le 24 mai 1431, dans les limites du diocèse de Beauvais, Cauchon réclama le droit de la condamner. Il s’adressa, pour cet effet, au roi d’Angleterre, au duc de Bourgogne, à l’université de Paris, au frère Martin, vicaire général de l’inquisition en France ; il somma juridiquement le comte de Ligny-Luxembourg, qui avait la Pucelle en sa garde, de la remettre entre ses mains, et il se constitua juge de l’héroïne des Français. Elle avait été conduite à Rouen, dont le siège était vacant ; le chapitre prêta territoire à l’évêque de Beauvais, c’est-à-dire qu’il lui permit d’exercer les fonctions de juge dans le diocèse. Tout fut mis en usage pour perdre Jeanne d’Are : demandes captieuses, suppositions d’aveux, pièges tendus, réponses altérées, etc. Guillaume Manchon, un des greffiers, atteste, lors de la révision du procès, qu’il avait refusé de se prêter à ces indignes manœuvres, malgré les instances et les menaces de Cauchon. Celui-ci chargea