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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 9.djvu/20

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CON dans lesquels Delille a célébré cette réunion de héros ont encore le mérite d’être tout à fait historiques :

Condé, Bourbon, Enghien se font d’autres Rocrois ; Et prodigués d’un sang eliri de la victoire, Trois générations vont ensemble tt la gloire.È fut Pms, ch. 4.) C’est après le combat glorieux de. Bcrstheim que le général Wurmser étant venti lui rendre visite, le prince lui dit : à Eh bien, monsieur le maréchal, comment trouvez-vous ma petite infanterie ? — Monseigneur, répondit Wurmser, elle grandit au fet1.» Parmi les blessés se trouvaient plusieurs prisonniers républicains ; le prince donna l’ordre d’en prendre le même soin que de ses soldats. Depuis le commencement de la guerre, son armée était à la solde de l’Autriche ; mais mal nourrie et plus mal payée, elle aurait éprouvé de grandes privations, si le prince n’eût fait des sacrifices personnels pour venir au secours de ses compagnons d’armes. D’anciens militaires affaiblis par l’âge ou par les infirmités ne pouvaient plus soutenir les fatigues d’une campagne. Il s’entploya pour leur faire obtenir des postes dans quel esïorteresses, et se chargea d’ajouter à leur traitxxent, pour les ·mettre dans l’aisance, de petites somnes qui leur étaient payées aussi régulièrement que s’il eût encore été à Chantilly jouissant de son immense fortune. En 1795, l’Angleterre s’étant chargée de l’entretien de l’armée de Condé, des commissaires britanniques se rendirent au quartier général du prince à lilulheim, et lui remirent des sommes considérables pour entamer des négociations avec les généraux républicains. Ce fut alors que Fauche-Borel (voy. ce nom), ayant trouvé Pichegru dans des dispositions favorables au projet de relever le trône’des Bourbons, fut chargé de traiter avecee général sur les moyens d’atteindre ce but ; mà les conditions de Pichegru n’ayant pas reçu Passentiment du cabinet autrichien, et le prince de Condé ayant craint de compromettre son armée, cette affaire n’eut pas de suite. (Voy. Premzetw.) Le corps de Condé trouva de nouvelles occasions de se signaler dans la campagne de 1796. Combattant partout à la tète de son avant-garde, le prince protégea puissamment la retraite des Autrichiens sur le Brisgaw ; et il sauva leur armée à Biberach, en soutenant pendant six heures les efforts des républicains xiétorieux. L’Autriche ayant fait sa paix avec la France en 1797, le prince de Condé se trouva dans lamécessité d’accepter l’ofl’re que lui fit l’empereur de Russie, Paul Ier, ile se charger des tlébris de son armée. Elle fut cantonnée dans la Volhynie ; et le prince lui-même se rendit à St-Pétersbourg, où il fut accueilli de la manière la plus brillante, et logé dans le palais de’fauride que l’empereur lui avait assigné. Une seconde coalition plus formidable que la première ne tarda pas à le ramener avec son corps sur les bords du Rhin. À la fin de 1799, il rejoignit l’armée autrichienne, qui devait, sous les ordres de l’archiduc Charles, appuyer les opérations des Russes en Italie. Les rapides succès que Souwa CON 15 rmv avait obtenus au delà des Alpes trouvèrent leur ’ terme en Suisse ; et le prince de Condé ne parut a la tète de sa division à Constance que pour être témoin des revers de la coalition. Paul ayant donné l’ordrea Souwarow de ramener ses troupes en Russie, l’armée de Condé passa pour la seconde fois à la solde de l’Angleterre. Elle devait faire avec les Autrichiens la campagne de 1800, que termina la bataille de Marengo ; mais, arrêtée à Pordenone, elle dut reprendre la route qu’elle venait de parcourir, pour remonter jusqu’en Bavière. L’Autriche accepta les conditions que lui dicta le vainqueur ; et, l’Angleterre paraissant disposée si traiter aussi de la paix, l’armée de Condé fut définitivement licenciée. Après avoir veillé lui-même à cette opération, le prince quitta Vienne le 11 juin 1801, et s’embarqua le 27 pour l’Angleterre. Il s’établit avec sa famille dans l’ancienne abbaye d’Amesbury. Ce fut là qu’il épousa la princesse douairière de Monaco, née Brignolé, qui l’avait suivi constamment dans son exil, et dont il avait reçu des témoignages du plus sincère attachement (1). Il y pleura la mort de son petit-fils le duc d’Enghien, dont rien ne put jamais ni le disti-aire ni le consoler. Deux ans auparavant un individu était venu offrir au prince d’assassiner Bonaparte ; mais il avait repoussé cette offre avec indignation. (Voy. les Mémoires de Bourrienne, t. 5, p. 522.) ll rendit compte de cet événement à Mon- I sieur (comte d’Artois) dans une lettre que l’histoire doit conserver (2). Accablé de sa juste douleur et croyant sa (in plus prochaine qu’elle ne l’était, il écrivit ses dernières dispositions, parmi lesquelles on remarque celle qui concerne le lieu de sa sépulture. «Quelque honorable, dit le prince, qu’il soit sans doute d’être enterré à Westminster, je n’ai point cette ambition. Je demande au contraire, très-positivement ri l’être parmi les Français émigrés, 1idèles à leur Dieu et à leur roi. sa à la restauration, il se hàta de revenir en France, et fit son entrée à Paris avec Louis XVIII, le 4 mai 1814.-Ses titres de colonel général de l’infanterie et de grand maître È France lui furent aussitôt rendus, et il accepta celui de protecteur de l’association paternelle des chevaliers de St-Louis. Loi-s du’retour de Bonaparte de l’ile d’Elbe, il partit avec le roi pour la Belgique, d’où il revint au mois de juillet 18 t 5. Depuis cette époque, il résida presque constamment à Chan(t) Cette princesse est morte en 181S. (2) tt Un homme, arrivé la veille, Zi ce qu’il m’a dit, à pied de ’ et Paris à Calais, homme d’un ton fort simple et fort doux, malgré les propositions qu’il venait faire, ayant appris que vous ifétiez pas ici, est venu me trouver sur les onze heures du matin ; it ni°a proposé tout uulinent de nous défaire de usurpateur par le ct moyen le plus court. Je ne lui ai pas donne le temps de m’achever les détails de son projet, et j’ai repoussé cette proposition avec horreur, en l’assurant que si vous etiez ici, vous feriez de même : que nous serions toujom-s les ennemis de celui qui s’est arrogé le tronc et la puissance de notre roi, tant qu’il nele lui rendrait pas ; (t qtlë IIOIIS 2’l0IlS Cütllllëllltl cet lSlll’[|illClll’ Ãl [OFCE 011VCl’lC ; (jui ! ct nels le combattrions cncqre si l’occasion s’en présentait ; mais que jamais nous n’emploierions de pareils moyens, qui ne pouvaient convenir qu’à des jacoliins, et que, si par hasard ces derniers se portaient si ce crime, certainement nous iron serions jamais complices. Lettre du prince de Condé à Monsieur, comte d’Artois ( (Londres, 21 janvier 1802). l