voir militaire était dans la main de Bonaparte, et dès ce moment il se regarda comme le seul maître des affaires. » Après avoir été ainsi chargé d’attacher le grelot, Cornet reconnut bien que, loin d’avoir sauvé la république et la liberté, il avait contribué autant qu’il était en lui à tuer l’une et l’autre. « Cette journée du 18 brumaire fut, dit-il, une journée de dupes, en ce sens que le pouvoir passa dans des mains qu’on n’avait pas assez redoutées.»
Il fut un des présentateurs signataires, avec les trois consuls, de la constitution de l’an 8. Dès lors, s’abandonnant au torrent qui devait entraîner la république du consulat à l’empire et de l’empire à la restauration, il prit, comme tant d’autres, le parti de ne pas jeûner, en portant le dîner de son maître. Bonaparte, devenu premier consul, le chargea d’une mission de paix dans les départements insurgés de l’ouest. Le 24 décembre 1799, Cornet se laissa faire sénateur ; le 14 1804, commandant de la Légion d’honneur ; en 1810, secrétaire du sénat et comte de l’empire, et le 30 juillet 1811, grand officier de la Légion d’honneur[1]. Il explique ainsi dans sa Notice la cause de ce laisser-aller : « Tous les hommes que le premier consul a associés a son pouvoir ne pouvaient prospérer qu’à l’aide de sa toute-puissance ; les honneurs et les richesses ont été le prix de leur asservissement extérieur. Il est si doux de se voir entouré, sollicité, flatté ; de pouvoir répandre des bienfaits sur sa famille et sur ses amis ; de marcher vers l’opulence et la grandeur quoiqu’elle ne soit souvent que relative ! Il n’y a que ceux qui, soit par défaut de moyens, soit par la fatalité des circonstances, ne peuvent pas participer à tous ces avantages, qui s’arment d’une grande austérité de caractère et de principes. » Voilà certes un aveu dénué d’artifice, qui explique dans Cornet, comme dans beaucoup d’autres, cet asservissement extérieur qu’ils trouvent si doux, et que les gouvernants croient toujours ou presque toujours sincère. Comme son dévouement n’était qu’extérieur, le 1er avril 1814, le comte Cornet concourant à l’acte du sénat, qui prononçait la déchéance de Napoléon. Le 4 juin, il fut créé pair de France par Louis XVIII. Pendant les cent jours, Bonaparte ne le comprit pas dans sa chambre impériale des pairs : cette disgrâce le servit. Le 17 août, une ordonnance royale le fit entrer dans la nouvelle organisation de la chambre héréditaire. Une autre ordonnance du 31 août 1817 lui conféra, par lettres patentes, le titre de comte. Il eut des armoiries parlantes, trois cors de chasse, supportés par deux licornes, avec cette devise : Rex et lex. Législateur sous la république, il signait Cornet (du Loiret) ; sénateur, comte Cornet ; pair, comte de Cornet[2]. Ses travaux dans la haute chambre n’offrent rien de saillant. Il mourut à Paris, du choléra, le 4 mai 1832, à l’âge de 82 ans. Le comte Lemercier, son collègue, lut son éloge à la chambre des pairs, dans la séance du 12 décembre suivant.
CORNETO (Adrien, cardinal de). Voyez Castellesi.
CORNETTE (Claude-Melchior), médecin, né à
Besançon le 1er mars 174-1, après avoir pris ses
premiers degrés à l’université de cette ville, se rendit
à Paris, où son intelligence le fit distinguer par
Lassone, médecin du roi, qui l’engagea à étudier
la chimie. Il y fit de très-grands progrès, présenta
à l’académie des sciences plusieurs mémoires sur
le phosphore, sur le vitriol, etc., et fut admis dans
cette compagnie savante en 1779. Elle avait proposé,
cette même année, de rechercher les moyens
d’augmenter en ’France la production du salpêtre.
Parmi les ouvrages envoyés au concours, on en remarque un tellement supérieur à tous les autres, qu’on ne balança pas à lui adjuger le prix. Il se trouva que cet ouvrage était de Cornette, qui, ayant été reçu à l’académie, ne pouvait plus être admis à concourir. La collection des Mémoires de l’académie en contient plusieurs de Cornette. Nommé médecin de Mesdames, tantes du roi, il accompagna ces princesses quand elles sortirent de France, au commencement de la révolution, et perdit par là le fruit de ses épargnes. Ce qu’il regrettait davantage était une collection de livres précieux et de très-beaux instruments de physique et de chimie. Il mourut à Rome, le 11 mai 1794.
CORNHERT, ou COORNHERT (Didéric, fils de
Volcart), né à Amsterdam en 1522, dans la classe
bourgeoise, fut envoyé jeune en Espagne. À son
retour il encourut la disgrâce paternelle de l’exhérédation,
par un mariage d’inclination avec une personne
très-recommandable sous plus d’un rapport,
et même alliée, a ce qu’on prétend, à la famille
des Brederode, mais privée des dons de la fortune.
Il s’attacha, comme maître d’hôtel, à Renaud,
comte de Brederode, dont il sut se concilier, pour
le reste de ses jours, l’estime et la bienveillance,
quoiqu’il ne demeurât pas longtemps à son service.
Rendu à lui-même, il s’établit à Harlem comme
graveur en taille-douce, et il trouva une ressource
pour exister dans ce qu’il n’avait pratiqué que
comme amateur. C’est lui qui nous a transmis, par son burin, les peintures capitales de Martin de Heemskerk, telles que l’Infanticide de Bethlehem, les Bacchanales, le grand Crucifiement, la Poutre dans l’œil, les douze Patriarches, etc., estampes encore recherchées aujourd’hui. Il a eu, pour élèves et collaborateurs dans la gravure, de Gheim, Goltzius et Philippe Gallé. Différentes questions religieuses, celle de la prédestination surtout, agi-
- ↑ Il avait été présenté, en 1809, pour une sénatorerie que l’empereur ne lui conféra pas, parce qu’il s’etait exprimé avec trop de liberté sur la persécution dirigée contre le général Moreau.
- ↑ La Notice historique sur le 18 brumaire est ainsi souscrite: Par le président de la commission des inspecteurs du Conseil du Anciens, alors le citoyen Cornet, représentant du peuple, aujourd'hui pair de France. L’énonciation de ces qualités marque la différence des temps, Paris, 1819, in-8°. Il est curieux de comparer la notice de Cornet sur le 18 brumaire avec l’écrit publié par Bigonnet sur le même événement, mais rédigé dans un esprit tout différent. (Voy. Bigonnet.)