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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 9.djvu/248

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nhert, il seretira à Gouda, où il mourut le 29 octobre 1590. Il acheva dans son lit de mort son Traité contre la peine capitale des frénétiques, traité que ses héritiers tirent traduire en latin, et qui a paru à Hanau en 1593. Il n’eut pas la satisfaction de mettre la dernière main à sa traduction hollandaise du Nouveau-Testament, calquée sur la version latine d’Érasme. Toutes les œuvres de Cornhert, en vers et en prose, ont été recueillies à Amsterdam, 1630, en 3 vol. in-fol. Il forma, avec Spiegel et Visscher, le triumvirat restaurateur de la langue et de la poésie hollandaises, et il est bien apprécié sous ce rapport dans l’Histoire de la poésie hollandaise, que vient de publier M. de Vries. Son poême Du bon et du mauvais usage de la Fortune, est une de ses plus estimables productions. L’air national de Wilhelmus van Nassouwen, que les Hollandais se sont transmis de génération en génération jusqu’à nos jours, et qui n’a été dénationalisé qu’avec la chute de la maison d’Orange, dont il célébrait le premier héros, est dû à la verve de Cornhert : nous pensons même qu’il en a pu composer aussi la musique ; car il excellait aussi dans ce dernier art, ainsi que dans la plupart des exercices du corps. Nul n’a moins mérité que lui la qualification du rêveur fanatique et d’enthousiaste. Un enthousiaste, un rêveur fanatique, nommé Henri-Nicolas de Munster, s’était flatté, en 1540, de le gagner à son parti ; mais Cornhert avait dans son excellent esprit un préservatif assure contre de pareils travers. Il ne prêcha jamais que la tolérance, la paix, et son seul rêve fut un intérim qui aurait préparé les voies au retour de la primitive simplicité de la foi. Il nourrissait cette espérance au milieu des dissensions civiles et religieuses les plus acharnées. Encore en 1620, quelques forcenés de la magistrature de Campen tirent un auto-da-fé de son portrait. Sa passion pour la liberté, il la partageait avec ses deux frères aînés, Clément et François, qui, l’un et l’autre, rendirent à leur patrie des services signalés. Le dernier s’était vu en 1568, condamné à un bannissement perpétuel et à la confiscation de ses biens par arrêt du tribunal de sang que le duc d’Albe avait créé à Bruxelles, mais dix ans après la ville d’Amsterdam, affranchie du joug Espagnol, le rappela dans son sein aux honneurs de la magistrature.


CORNIANI (Jean-Baptiste, comte de), littérateur italien, naquit en 1742 à Orzi-Nuovi, dans le Brescian. Après avoir terminé ses premières études sous la direction des PP. Somasques, il alla suivre à Milan les cours de droit et de mathématiques. Les succès qu’il obtint le tirent promptement connaître ; l’académie des Umoristi et celle des Transformati l’associèrent à leurs travaux. Ses premiers essais semblaient promettre à l’Italie un successeur de Métastase. Deux de ses opéras, le Mariage secret et l’Heureux imaginaire, annoncent un talent réel pour la scène lyrique ; mais l’exemple et les conseils de Mazzuchelli, dont il avait mis en vers la Mort de Socrate, le décidèrent bientôt à renoncer aux applaudissements du théâtre, pour se livrer à des travaux moins brillants, mais plus solides. Dès lors, il partagea tous ses loisirs entre l’étude de l’histoire et celle de la philosophie morale. En 1771, il publia les Recherches sur l’histoire littéraire d’orzi-Nuovi, ville qui, malgré son peu d’importance, a donné le jour à des hommes remarquables dans presque tous les genres. Pourvu, peu de temps après, d’une charge de magistrature, il l’exerça d’une manière honorable sans rien relâcher de son ardeur pour la culture des lettres. Les suffrages de ses compatriotes le maintinrent, sous tous les régimes, dans une place qu’il remplissait avec autant de lumières que d’équité. En 1797, il prononça devant les tribunaux de Brescia, un discours sur les rapports de la jurisprudence avec la démocratie. Comiani mourut dans cette ville, le 8 novembre 1813. Outre des poésies imprimées sous le nom arcadique de Leuconte Ditteo, un Essai sur la poésie allemande, et des articles, des notices dans les journaux, on a de lui : 1o Saggio soprà la legislazione relativamente all’ agricultura, Brescia, 1781, in-8o. Ce volume renferme deux discours, l’un sur la théorie des lois relatives à l’agriculture, et l’autre sur les dispositions législatives qui seraient le plus favorables à ses progrès. 2o Principi di filosofia agraria, esposti in lezioni academiche, ibid., 1784, in-8o ; 3o Idea soprà la vegetazione, ibid., 1787, in-8o ; 4o Saggio sopra Luciano, Bassano, 1788, in-8o. C’est un examen critique des opinions du philosophe de Samosate. 5o Analisi del gusta et della morale, Brescia, 1790, in-8o ; sujet déjà traité, mais présenté d’une manière neuve et agréable. 6o Riflessioni sulle monete, Vérone, 1796, in-8o. L’auteur se propose de démontrer, comme l’avait fait Galiani, qu’il est souvent utile de rehausser la valeur des monnaies. 7o I Scoli della letteratura italiana dopó il suo risorgimento ; comentario ragionato, Brescia, 1805-13, 9 vol. in-8o[1]. Cet ouvrage, resté le premier titre littéraire de Corniani, commence au 11e siècle et finit vers le milieu du 18e. Après avoir tracé le tableau de chaque siècle et montré ses caractères distinctifs, l’auteur fait connaître les principaux écrivains qui l’ont illustré, par une suite de notices pleines d’intérêt et d’érudition. Malgré les défauts de ce plan, dont le plus frappant est d’exposer à des répétitions qu’il n’est pas toujours possible d’éviter, cet ouvrage tient une place honorable à côté de ceux de Tiraboschi et de Ginguené. M. Camille Ugoni, auquel on doit la continuation des Secoli, a publié l’Éloge de Corniani, Brescia, 1818, in-8o.


CORNILLE ou CORNEILLE ENGELBRECHTSEN, peintre, né à Leyde en 1468, avait reçu de la nature les plus heureuses dispositions : il a peint à l’huile, fresque et en détrempe, et a également bien réussi dans ces différents genres. C’est de son école qu’est sorti le fameux Lucas de Leyde.

Cornille Kunst, fils du précédent, né à Leyde, fut élève de son père, et hérita de ses talents. Il

  1. L’édition de Bassano, 1794, ne contient que les quatre premiers siècles.