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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 9.djvu/25

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29 CON ont seulement regardées comme un moyen de communication entre les hommes ont tgnoré leur premier avantage. L’Art d’écrire est un de ses ouvrages les plus agréables à lire. On s’est trop attaché à y relever de légères critiques sur quelques vers de Boileau. L’auteur ramène à un seul principe tous les préceptes qui concernent l’art d’écrire : c’est de se conformer toujours à la plus grande liaison des idées ; et, dans les différentes applications qu’il fait de ce principe, il trouve toutes lest règles du style. L’Art de raisonner ne ressemble point aux logiques ordinaires : ce n’est pas en faisant raisonner sur rien que Condillac enseigne à son élève les règles du raisonnement ; c’est en lui mettant sous les yeux l’histoire des pensées de ces savants illustres qui ont découvert les lois du mouvement et de la pesanteur, les principes de la mécanique et de la théorie du monde. Dans l’Art de penser, il ne fait que donner, avec plus de simplicité et de clarté, ce qu’il avait déjà dit dans son premier ouvrage. Son Histoire est un corps de morale et de législation. Condillac n’est pas un historien éloquent ; c’est un moraliste, qui s’applique surtout à montrer, dans leurs causes et dans leurs effets, l’origine et la fin des opinions et des lois qui ont régné sur la terre ; cependant sa marche, trop systématique, ne plait pas à tous les esprits, parce qu’elle semble accommoder les faits à des principes posés d’avance : c’est là sans doute une des causes pour lesquelles cette histoire a en moins de succès que ses autres ouvrages. Sa narration est pure et nette ; mais elle est sans ornements et sans chaleur. Le Commerce et le Gouvernement considéré : relativement l’un à l’autre parut en 1776, in-12 ; ce livre fut attaqué avec raison par les économistes. Les deux derniers ouvrages de l’abbé de Condillac sont la Logique, imprimée quelques mois avant sa mort, et la Langue des calculs, qui ne le fut que longtemps après, en 1798. Dans tous les genres de connaissances, c’est à la nature que nous devons nos premières leçons : cette idée, longuement médltée, est le fondement de sa Logique, qu’il composa pour guider les professeurs des écoles de Pologne dans leurs leçons. L’auteur y montre les avantages de Paualyse : il s’attache surtout il cette partie de la’logique qui dépend le plus du langage. Après avoir considéré les langues comme autant de méthodes analytiques ; il fait voir combien la justesse de nos raisonnements dépend de la perfection des langues que nous nous sommes faites ; en conséquence il réduit tout l’art de raisonner à bien faire la langue de chaque science. Ce principe, trop généralisé peut-être, est exposé plus au long dans la’ Langue des calculs. La Langue des calculs est tout à la fois une logique et un traité de calcul. Condillac, philosophe, a eu plus d’importance par les circonstances au milieu desquelles il s’est trouvé placé que par sa propre valeur. En 1750 les doctrines de Locke triomphaient en Europe, et entraînaient tous les esprits sur la pente du sensualisme, par l’analyse incomplète des sensations et des facultés de l’homme. Plus que d’autres Condillac s’est tenu près du maître, en a systématisé et propage la métaphy CON sique. Il a été en France le premier et le plus grand représentant de la méthode expérimentale. Toute cette philosophie aboutit pour la morale à Helvétlus et à-St-Lambert : mais il est vrai de dire que, matéria-A liste par les conséquences, mais non par les intentions, Condillac a oublié la logique, pour rendre à la religion, dans son Cours d’histoire, un témoignage r-respectueux et sincère. — Les Œuvres complètes de Condillac, édition originale, ont été imprimées sur des manuscrits autographes, Paris, 1798 et suiv., ° 25 vol. in-8°, avec un portrait ; réimprinrées par les mêmes éditeurs, Arnoux et Mousnier, Paris, an 7 (1799), 5-1 vol. in-18, et Paris, 1805, 51 vol. in-12. Une nouvelle édition a été publiée par A.-F. Théry, avec une notice, Paris, 1821-25, 16 vol. in-8°. Le Cours d’ét*ude pour lïnstruction du prince de Parme a paru à Deux-Ponts, 1782 (Parme, Bodoni, 1775 ), 15 vol. in-8° ; l’Essai sur l’origine des Connaissances humaines, Amsterdam, 1746, 1751, 2 vol. in-12 ; la Langue des calculs, œuvre posthume, Paris, 1758, in-8°. Il a été publié aussi un recueil d’Œuvres philosophiques, contenant plusieurs des traités philosophiques, et un opuscule ayant pour titre : le Commerce et le Gouvernement considérés relativement l’un cl l’autre, Amsterdam, 1716-1706. Les Paradozces de Condillac, ou Réflexions sur la Langue des calculs, Paris, 1805, ne sont pas l’ouvrage de Condillac, puisqu’au contraire c’est un examen de sa’ Langue des calculs : c’est donc à tort que des bibliographes. les lui ont attribués ; ils sont de M. Laromiguière. On a aussi faussement attribué à Condil-’lac des Recherches sur l’origine des idées que nous avons de la beauté et de la vertu, 1719, 2 vol. in-12. Cet ouvrage est de Hutcheson ; la traduction en français est de Eidous. 6-21 ;.

CONDIVI (Asesnro), peintre, né vers 1520, à ’ Bipa-Tansone, ou, suivant d’autres, à Capra-Montana, qu’on croit être Montalte, dans la Marche ’ d’Ancône, fut élève de Michel-Ange. Plus remarquable par son zèle et par son application au travail que par les productions de son pinceau, Condivi ne s’éleva point au-dessus de la médioçrité. Il eut cela de commun avec la plupart de ses condisciples ; car les historiens distinguent des propres élèves de Michel-Ange ceux qui, après avoir reçu de quelque autre les principes de l’art, se perfectionnèrent ensuite, soit en péignant sur les dessins de ce grand maître, comme le firent Fr-a-Sebastiano del Piombo, Marcello Venusti, Batista Franco, Pontormo, Salviati, Bugiardini, Sabbatini, etc. ; soit en cherchant à suivre sa manière grande, noble et llère, ainsi que le pratiquèrent Francesco Granacci, Daniel de Volterre, F. Barthélemy de St-Marc, et quelques autres artistes très-recommandables, qui vécurent dans Pintimité de Michel-Ange, ou travaillèrent sous sa direction. C’est cette réunion de peintres que l’on nomme communément l’école de Michel-Ange ; mais Condivi, qui pourtant ne la quitta jamais, ne se distingua que faiblement, et peut-être son nom n’aurait-il pas été sauvé de l’oubli, s’il n’etlt, dix ans avant ·la mort de Michel-Ange, écrit sep histoire, qu’il publia en 1555. Cette biographie du chef de