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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 9.djvu/26

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CON fécole Florentine présente, conjointement avec celle que nous a transmise Vasari, le contemporain et en quelque sorte l’élève de Michel-Ange, toutes les particularités que l’on peut désirer sur sa vie. La 1’° édition (Borne, 1555, in··«l•), étant devenue fort rare, on en publia une nouvelle à Florence, 1746, in-fol., avec de savantes notes de Gori, Vasari, Manni, Mariette, du sénateur Philippe Buonarroti, etc. - L—n’.

CONDOBCET (MAlllE··JBAN•ÀNTolNI·NlCOLAS Caarrar, marquis nn), philosophe et mathématicien distingué, né le 17 septembre 17-15, à Ribemont, près de St-Quentin en Picardie, était neveu de Condillae. Son, enfance fut marquée par une circonstance singulière. Il atteignait à peine sa quatrième année quand il perdit son père. La veuve du capitaine Caritat de Condorcet était d’une dévotion très-ardente. Elle imaina qu’un moyen infaillible de soustraire son fils unique aux premiers dangers de fenfance serait de le vouer à la Vierge et au blanc. Coudorcetpassa dix années sous ce costume de jeune fille. Au sein de sa famille qui était de haute noblesse, l’enfant était entouré de prélats et de hauts dignitaires de.l’Église. Son éducation fut confiée aux jésuites, et il fut envoyé au collège de Navarre. Il est curieux de remarquer que l’éleve de la société de Jésus devait plus tard arriver en politique au détachement le plus complet de toute idée de prérogative héréditaire ; en religion, au scepticisme poussé jusqu’a ses dernières limites. C’est au collège de Navarre que Condorcet soutint, à l’âge de seize ans, une thèse de mathématiques en présence de Clairaut, dllernbert et Eorltaine, dont les encouragements Pqgagèrent à se livrer tout entier à cette étude. Il vint se fixer à Paris en 1762, sans fortune, mais avec la protection du duc de la Rochefoucauld, qui lui fit obtenir des pensions, et l’introduisit dans plusieurs maisons distinguées. Il se lia particulièrement avec Fontaine, célèbre géomètre, dont il se proposa d’étendre¢s vuesdans sonEmrisrn-lacalcul£nté· gral, qu’il publia en 1765. Ce mémoire, présenté à l’académie des sciences dés l’année précédente, fut, sur le rapport de d’Alembert et de Bezout, jugé digue d’entrer dans la collection des savants étrangœs : il en fut de même de celui qu’il présenta en 1767 sur le Problérrrc du trois corps, et ces premiers etuis lui ouvrirent l’entrée de cette société, ou il fut reçu le 8 mars 1769, à peine âgé de vingt-six ans. Il justiüa ce choix en publiant sur le calcul analytique de nouveaux mémoires, qui, de même mc les précédents, prouvaient un génie pénétrant, lmisettxquels il négligea toujours de donner des utiles, se contentant de présenter de u bellaformulesgsans s’arrêter à les particulariser pour les rendre accessibles aux méthodes d’approximation. Il semblait craindre de faciliter aux autres, selm son expression, des routes qu’il n’avait pas le courage de suivre lui-même. Ces premiers travaux îïüîettt été réunis sous le titre d’Essai dûmalysc (1768, in-4o). Il reprit ce travail longtemps aprés, et le refondit dans un nouveau traité qui embrassait thtralettr ensemble les calculs différentiel et intésml, et substituait des considérations d’un genre l

CON 21 absolument neuf al’hypotlrese des infiniment petits. L’impression de cet ouvrage, commencée en 1786, fut arrêtée à la 16° feuille, et n’a jamais été reprise. On n-ouve dans les mémoires des académies de Paris, de Berlin, de St-Pétersbourg, de ’1’urin, et de l’Institut de Bologne, ses autres travaux du même genre, parmi lesquels on remarque surtout ceux qui concernent l’application des séries à la résolution r de toutes les espèces d’équations différentielles, et l’intégration des équations aux différences mélées, que personne n’avait considérées avant lui. J nsque-la Condorcet avait paru vouloir se borner exclusivement aux études mathématiques ; mais à peine avaitil marqué sa place parmi les savants qu’il se tourna du côté des lettres. u Personne n’hésitera sur la cause de cette résolution, dit M. Arago dans rme excellente biographie de Condorcet, lue à l’académie des sciences dans la séance publique annuelle du 28 décembre 1841, quand on aura remarqué qu’elle suivit de très-près, par sa date, le voyage que d’Alembert et Condorcet firent à Ferney. » à son retour, le jeune académicien de vingt-sept ans écrivait Turgot, intendant du Limousin : en J’ai trouvé Voltaire si plein d’activité et d’esprit qu’on serait rt tenté de le croire immortel, si un peu d’injustice envers Rousseau et tmp de sensibilité au sujet des aottises’de Fréron ne laissaient apercevoir qu’il est homme. » Aspirant à la place, de secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, il voulut s’essayer au genre des éloges, dont Grandjean de Fouchy s’acquittait depuis longtemps de manière à faire regretter ceux de Fontenelle. Pour donner une preuve de sa œpacité en ce genre, Condorcet publia, en 1775, 4 les Eloge : des académicien : morts avant 1699. Bien que Condorcet n’eüt pas encore atteint son modèle, ses éloges étaient fort au-dessus de ceux de son prédécesseur : il fut nommé secrétaire perpétuel. Chargé en 1777 de faire celui du duc de la Vrillière, académicien honoraire, et Maurepas lui reprochant sa lenteur à le terminer, il répondit que jamais il ne louerait un pareil ministre, dispensateur des lettres de cachet sous le règne de Louis XV. Cette liberté piqua Maurepas, qui s’opposa, tant qu’il vécut, à la réception de Condorcet à l’Académie française. Les portes ne lui en furent ouvertes qu’en 1782. Dès l’année 1776, Voltaire lui écrivait, à la date du 26 février : « Soyez de notre Académie, votre nom et votre éloquence imposeet ront du moins à la secte des sicaires qui s’établit adans Paris.» à la date du 16 mars : alevous répète que, si vous ne ·me faites pas l’honneur a d’être des nôtres cette fois-ci, je m’en vais passer et le reste de ma jeunesse (Voltaire avait alors quatre vingt-deux ans) à l’académie de Berlin ou à celle a de St-Pétersbourg. sur Enfin, à la date du 9 avril : et Je veux que vous me promettiez, pour ma consoa lation, de daigner prendr-e ma place à l’académie a des paroles, quoique vous soyez le soutien de l’académie des choses, et d’être reçu par-M. d’Alcma bert. sur Assis enfin sur ce fauteuil que lui souhaitait depuis dix ans l’amitié de Voltaire, Condorcet n’oublia pas ses premières études : il prit pour sujet de 1