Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 9.djvu/406

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COU dont on ne putle retirer que le lendemain, et avec beaucoup de peine. Couthon demeura entièrement perclus des membres inférieurs, et la faiblesse de sa complexion, la douceru· apparente de ses mœurs, formèrent plus tard le contraste le plus étrange avec la violence de ses passions politiques. Il était avocat à Clermont lorsque la révolution éclata, et fut bientôt nommé président du tribunal de cette ville, ’ensuite député du département du Puy-de-Dôme à l’assemblée législative ; il sly fit remarquer tout d’abord par la hardiesse de ses motions. On le vit demander avec instance la suppression des mots sire et majesté dans les communications de l’assemblée avec le roi, et, peu de temps après, la déchéance des droits de Monsieur (depuis Louis XVIII) à la régence. Il provoqua des décrets sévères contre les princes émigrés et contre les prêtres dits réfractaires, et appuya de toutes ses forces le licenciement des gardes du corps et l’établissement des comités. Élu, en septembre 1792, membre de la convention nationale, il s’y rangea parmi les plus fougueux démagogues, et dès la première séance, proposa de vouerà la haine et à l’exécration des peuples la royauté, la dictature et le triumvirat. Dans le procès de Louis XVI, il vota la peine de mort, sans appel au peuple, ni sursis. Ami de Robespierre et l’un de ses admirateurs, membre zélé du club des jacobins, Couthon semblait incapable de se séparer jamais du parti de la Montagne : on prétend néanmoins qu’il éprouva quelque hésitation lors de la mise en accusation des girondins ; mais, ’comme s’il eût voulu racheter un moment de faiblesse, il fut le premier à demander, le 2 juin, l’ar-prestation des ° députés proscrits, et, quelques jours plus tard, il fit décréter que les journées des 3l mai, t" et 2 juin, avaient sauvé la liberté, et l’unité, l’indivisibilité de la république. S’il offrit en même temps de se rendre en otage à Bordeaux, pour y répondre du traitement que les députés de cette ville et du département de la Gironde pourraient éprouver à Paris, on doit croire que cette proposition n’était qu’un leurre, ou qu’elle n’avait rien de sérieux. Couthon, nommé (10 juillet 1793), membre du comité de salut public, et devenu le rapport eu1· favori de Robespierre, ne mit plus de bornes à son animosité contre tout ce qui lui paraissait s’opposer à. la marche de la révolution, et son langage pr-it un caractère de plus en plus violent. Il combattit l’institution des jurés au civil, parce que ce n’était, disait-il, qu’un beau réve des amis de la liberté. Le 8 août, il demanda qu’un décret permit à tout le monde d’assassiner Pitt, ce monstre qui avait conçu le projet dürssassiner l’espèce humaine. Cette proposition n’eut point de suite. Il fit déclarer traîtres à la patrie les députés proscrits qui s’étaient réfugiés ir Lyon, et fut envoyé (19 août), en’qualité de commissaire de l’armée qui faisait le siégé de cette ville. Indigné de la lenteur des’opérations, il tir-a du département du Puy-de-Dôme un renfort de 60,000 hommes, et dès que la ville eut capitulé, IX. ·

COU 40t il la couvrit de mines et d’échafauds. On lit dans une lettre écrite par lui au comité de salut public, en date du 16 octobre : en De toutes les mesures ’ grandes et vigoureuses que la convention vient de prendre, une seule nous avait échappé, c’est la destruction totale. » Couthon procéda en effet à la démolition des monuments les plus remarquables de la malheureuse cité. Il se faisait pogter dans son fauteuil sur la place Belcour, et frappait avec un petit marteau ·d’argent les édifices qu’il voulait faire disparaître, en disant : rr Tombez, en monuments de l’orgueil, lagloi vous condamne. » Cependant Couthon fut bientôt remplacé par Collot-d’Herbois et Fouché : il revint à Paris, où Robespierre sentait déjà le besoin de s’entourer d’un certain nombre d’hommes dévoués, qu’il pût opposer utilement aux ennemis que lui attiraient son caractère ombrageux et son despotisme. Couthon ne lui fit pas défaut. Il le soutint notamment contre Danton, qu’il accusa de projets contre-révolutionnaires et dont il poursuivit la condamnation, ainsi que celle de Ronsin et du général Westermann. Le 10 juin 1794, il présenta, au nom du comité de salut public, une nouvelle loi destinée ir réorganiser le tribunal révolutionnaire, c’est-àdire à lui donner des moyens d’extermination plus prompts et plus terribles. À Le délai pour punir les ennemis de la patrie, disait Couthon dans son rapport, ne doit-être que le temps de les reconnaître ; il s’agit moins de les punir que de les anéantir. Ici, toute lenteur affectée est coupable, toute formalité indulgente ou superflue est un danger public. rr Cetteloi cependant, après avoir· été ajournée, ne passa qu’avec une opposition · qui effraya Robespierre, et il s’adjoignit presque immédiatement St-Just et Couthon, pour former ce tr-iumvirat qui, après avoir dominé la convention pendant quelques semaines, fut vaincu le 9 therrnidor. Dans les débats qui signalërent cette. journée, Couthon, ayant été accusé par quelques-uns de ses collègues d’aspirer ir la royauté, se contenta de leru· montrer ses jambes paralysées, en s’écriant d’un ton lamentable : « Moi, me faire roi ! rr et dans cet état ! n Décrété d’arrestation le 9 ther-. · midor, et mis hors la loi en même temps que les deux Robespierre, St-Just, Lebas, et les autres membres de la commune, il se trouvait avec eux à ’ l’hôtel de ville, qui fut bientôt forcé. Couthon se. blessa légèrement avec un poignard dont on l’avait armé, et se tr-aîna dans une cour, où °il feignit d’être mort, mais on l’y découvrit, et il fut porté a la conciergerie sur rm brancard. Le lendemain, · 10 thermidor an 2 (27 juillet 1794), on le jeta dans la fatale charrette : il y resta étendu sous les pieds de ses complices, et souffrit en mourant d’horr-ibles douleurs, car son infirmité rendit l’exécution longue et difficile. Couthon était alors âgé de 38 ans. (Voy. Roaesrrenar : et Sr-Josr.) Cu-s.

COUTINHO (Dom Frumçors ), comte de Redondo, vice-roi des Indes, succéda en 1561 à dom Constantin de Bragance. Il mit toutes les forteresses de 5l