Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/105

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Du fond de ma prison par mes pleurs arrosée,
Mon ame s’élevoit au céleste élysée.
A tout ce que j’aimai, j’adressai mes adieux :
O rivages de l’Ain, vallons délicieux,
O bois ! Dont mon enfance avoit cherché l’ombrage,
Vous mêliez à mon deuil votre riante image ;
Et mes derniers regards, en dépit des tyrans,
Se détournoient vers vous et cherchoient le printemps,
Mais, ô bonté du ciel ! L’amitié magnanime
Au fer inexorable arrache sa victime.
Je fuis ; et du Jura les antres ignorés
M’offrent contre la mort leurs asiles sacrés.
Errant sur ces rochers, noir séjour des orages,
Je retrouvai la paix dans leurs grottes sauvages,
La paix que ma patrie, hélas ! Ne connoît plus.
Sur ces vastes sommets, l’un sur l’autre étendus,
L’homme, au niveau des cieux, élève son génie ;
Et comme l’horison sent son ame agrandie,