Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/104

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Mais le ciel n’entend point nos vains gémissemens ;
Le fer des oppresseurs menace tous les rangs ;
Le meurtre accroît encor leurs fureurs meurtrières ;
Les palais dans leur chûte entraînent les chaumières ;
Du monarque et du peuple on creuse le tombeau ;
Et la fondre a frappé jusqu’au foible roseau.
O dieux ! Qui plus que moi vécut dans les alarmes ?
Qui fut plus malheureux ? Dans l’exil, dans les larmes,
J’ai vu fuir ces instans, hélas ! Qui sont si courts,
Où le cœur n’est ouvert qu’au charme des amours.
A peine citoyen, j’ai perdu ma patrie,
Et j’ai connu la mort sans connoître la vie.
Proscrit, chargé de fers comme un vil criminel,
Au trépas condamné par un sénat cruel,
En vain d’un dieu vengeur j’implorois la justice ;
Je voyois lentement s’avancer mon supplice,
Sans trouver un mortel sensible et généreux,
Qui partageât mes maux et me fermât les yeux.