Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/126

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Ce n’est plus pour mes yeux que les fleurs vont éclore ;
Je n’assisterai plus au lever de l’aurore ;
Et l’astre des beaux jours, à la ville étranger,
Ne jettera sur moi qu’un regard passager.
De ces vallons rians l’image retracée
Demeurera long-temps dans ma triste pensée ;
Et mon cœur, las du bruit, ami du doux repos,
Reviendra quelquefois errer sur ces côteaux.
Ainsi, lorsqu’un mortel a vu les rives sombres,
S’échappant, nous dit-on, du noir séjour des ombres,
Ses mânes attristés, dans le calme des nuits,
Vont soupirer encor aux lieux qu’il a chéris.
Dans quelques mois, hélas ! L’implacable Borée
Fera tomber la fleur pâle et décolorée ;
Et des beaux jours d’été le déclin pluvieux
Viendra d’un crêpe noir voiler l’éclat des cieux.
L’hiver ramènera la triste rêverie ;
Et la feuille arrachée à sa tige flétrie,