Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/125

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Quand Bacchus de ses dons, mûris sur les côteaux,
Du joyeux vigneron paîra les longs travaux,
Il ne me verra point, entonnant ses louanges,
Accompagner le char des bruyantes vendanges,
Et mêler mes accens aux chansons des hameaux.
Le temps qui semble, hélas ! Se fixer sur nos maux,
Emportant dans son cours nos plaisirs, nos années,
Fuit, et presse le vol des heures fortunées.
Les beaux jours du printemps ont passé comme un jour ;
Et ces beaux jours pour moi sont perdus sans retour.
Adieu, vallons charmans ! La fortune cruelle,
Loin de ces bords chéris, aux cités me rappelle.
Ce sénat, qui long-temps régna par ses forfaits,
Vient me persécuter jusque par ses bienfaits.
Oui, barbares, je hais jusqu’à votre justice :
Votre loi qui m’absout commence mon supplice.
Dans les champs, loin de vous, je vivois consolé ;
Mais en me rappelant, vous m’avez exilé.