Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/138

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Poursuivant chez les morts la vertu qui succombe,
Des pensers du néant vient assiéger la tombe,
Et le trépas lui-même a ses persécuteurs.
Je verrai des français, infâmes délateurs,
Immoler l’amitié, pour prix d’un vil salaire ;
Faire un crime aux enfans d’avoir pleuré leur père ;
Dénoncer la pitié trop prompte à s’attendrir ;
Dans le sein maternel épier un soupir ;
Traîner dans les cachots la vieillesse, l’enfance ;
Accuser leurs discours, et même leur silence ;
Souffler par tout la haine, et remplir les cités
Du vain bruit des complots qu’eux-même ont inventés.
Je verrai la beauté, toujours vive et légère,
Oubliant le trépas d’un époux ou d’un frère,
Folâtrer sous le deuil, et sourire aux bourreaux.
Je verrai l’égoïsme assis sur des tombeaux,
Insensible témoin de ces scènes tragiques,
Dormir en paix au bruit des discordes publiques ;
Et la pâle