Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/75

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Le soleil élevant sa tête radieuse,
Jette un regard d’amour sur la terre amoureuse ;
Et du fond des bosquets un hymne universel
S’élève dans les airs, et monte jusqu’au ciel.
L’amour donne la vie à ces beaux paysages ;
Pour construire leurs nids, les hôtes des bocages
Vont chercher dans les prés, dans les cours des hameaux,
Les débris des gazons, la laine des troupeaux.
L’un a placé son nid sous la verte fougère ;
D’autres au tronc mousseux, à la branche légère,
Ont confié l’espoir d’un mutuel amour ;
Les passereaux ardens, dès le lever du jour,
Font retentir les toits de la grange bruyante ;
Le pinçon remplit l’air de sa voix éclatante ;
La colombe attendrit les échos des forêts ;
Le merle des taillis cherche l’ombrage épais ;
Le timide bouvreuil, la sensible fauvette,
Sous la blanche aubépine ont choisi leur retraite ;
Et les chênes des bois offrent à l’aigle altier,
De leurs rameaux touffus l’asile hospitalier.
Heureux qui, retiré sous un abri champêtre,
Loin du choc des partis qu’il ne veut point connoître,
Errant dans ces bosquets, caché sous leurs berceaux,
Ne perd jamais l’aspect de ces rians tableaux !
Tandis que loin de lui la discorde en furie,
Change à son gré la terre à la crainte asservie,
Il voit toujours ses champs, au retour des saisons,
Riches des mêmes fleurs et des mêmes moissons.
Le peuple qui l’entoure, étranger à la guerre,
Ne connoît que le fer qui féconde la terre ;
Courbé sur ses sillons, il bénit les destins,
Et travaille en silence au bonheur des humains.
Ainsi dans les vallons, la féconde rosée,
Sans bruit descend du ciel sur la terre embrasée,