Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/79

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Pour lui, le doux printemps revient toujours le même,
Il est toujours aimé de ses voisins qu’il aime ;
Tous ses plaisirs d’hier seront ceux d’aujourd’hui ;
L’univers est changé, rien n’est changé pour lui.
La crainte n’a jamais troublé sa solitude ;
Victime de la haine et de l’ingratitude,
Il brave les méchans, il se rit des ingrats.
La nature et les dieux ne l’abandonnent pas :
Non, la foudre jamais n’a fait pâlir le sage :
Quand l’ame est sans remord, le ciel est sans nuage.
Il est persécuté ; mais l’aspect des bourreaux
Peut troubler ses foyers sans troubler son repos.
Tel un chêne, entouré des éclats du tonnerre,
Citoyen du désert, fils aîné de la terre,
Croît en paix sur les bords des torrens orageux.
Ah ! Dans ces jours de deuil, si quelques malheureux
Vont chercher un abri sous son toît solitaire,
Il leur ouvre à-la-fois son cœur et sa chaumière.