Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/155

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cien quartier de Mélite, la destruction a épargné huit ou dix maisons de bois. C’est dans une de ces maisons que s’est réfugiée la grandeur du visir de l’Eubée, naguères gouverneur suprême d’Athénes, et redouté des Athéniens modernes presque autant que le Jupiter-Tonnant l’était des anciens. Des murs barbouillés de peintures rouges et vertes, des fenêtres avec des vitraux coloriés, une fontaine au milieu de la cour, voilà tout ce qui frappe les regards en entrant dans le palais du pacha de Négrepont. On nous a fait monter dans une galerie de bois, où nous avons attendu le moment d’être introduits ; le pacha était alors en conférence avec M. Rouan. La conférence a été longue, et nous avons eu tout le loisir d’examiner la figure des Albanais ou dellis qui forment la garde du pacha. Le tarbousch surmonté d’un long gland de soie, la veste rouge à manches larges et courtes, le pantalon oriental de couleur blanche ou grise, tels étaient leurs vêtemens. Un sabre pendait à leur côté par un double cordon de soie, deux pistolets, à pommeau d’argent, un khangiar attaché à leur ceinture, complétaient leur accoutrement guerrier. Les uns entouraient la porte du pacha, les autres restaient accroupis ou étendus le long des cloisons de la galerie. On aurait cherché en vain sur leur physionomie l’expression d’un sentiment ou d’une pensée d’homme. Ils fumaient nonchalamment la pipe, suivant des yeux ta vapeur qui s’en exhalait,