Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/156

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et rêvant peut-être une scène de pillage et de meurtre.

Enfin nous avons été introduits ; la chambre dans laquelle nous avons été reçus, a pour tout ornement quelques cyprès peints sur les cloisons, un sopha de couleur écarlate était le seul meuble qu’on aperçût. Le pacha de Négrepont occupait l’angle de ce sopha, vêtu d’un surtout de velours et coiffé d’un turban, vert. Omer pacha est un homme de quarante-cinq à cinquante ans ; il a le regard vif, la physionomie fine et spirituelle ; je ne vous parlerai point de sa stature ni de son maintien, car on ne peut guères peindre qu’en buste des gens qui ne quittent jamais leur sopha ; lorsqu’un étranger va dans une maison turque, il ne voit jamais debout que les serviteurs et les esclaves. Après les présentations accoutumées, on nous a apporté le chibouc, le café et le sorbet. Ces usages, ces figures, que je voyais pour la première fois, attiraient toute mon attention, et je m’accuse d’avoir oublié un instant les ruines d’Athènes. Je croyais que l’orient allait se révéler à moi dans une conversation avec les osmanlis, et j’étais impatient de la voir commencer. Mais elle n’a roulé d’abord que sur les sujets les plus communs. Je me rappelle que notre interprète a demandé si la récolte avait été bonne cette année : singulière question à faire à des gens que l’on vient prier d’abandonner leurs terres Je ne saurais vous dire ce que le pacha a