Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/28

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c’est un autre spectacle. L’horizon est borné par des rochers stériles et des collines nues, ou la bruyère croit à peine. De vastes campagnes s’étendent vers la mer, les unes livrées à la culture, les autres sillonnées par des ravins profonds. On aperçoit de distance en distance des maisons avec des bouquets d’arbres, des villages avec leurs jardins et des plantations d’oliviers et de mûriers. Là jaunit la moisson sur des terres prêtes à s’ébouler, et soutenues par des murailles de pierres ; plus loin, la vigne monte au sommet des ormes, et se mêle à leur feuillage, ou, portée d’espace en espace sur de longs échalas, elle s’étend dans la plaine et se déploie en festons verdoyans. Les paysages des deux côtes présentent parfois des contrastes qui étonnent ; on trouve en quelques endroits une autre nature, une autre physionomie, et le voyageur est surpris d’éprouver des impressions si différentes à l’aspect de deux contrées qu’anime, également le voisinage de la mer, et que le même, soleil éclaire.

Les pilotes siciliens qui nous avaient pris à l’entrée du détroit nous ont quittés devant Messine, non sans solliciter notre générosité. Le temps était trop beau pour que nous pussions apprécier le service qu’ils venaient de nous rendre ; au reste, quel mal y a-t-il que de pauvres marins, exploitent les opinions des temps héroïques, et vivent des souvenirs, que nous ont laissés les malheurs d’Ulysse et de ses compagnons ? Une chose qui vous éton-