Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/286

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À midi, la plaine du Caystre et les hauteurs qui dominent Ephèse, se sont montrées devant nous. En sortant des montagnes, nous avons tourné à gauche, et bientôt nous avons pris un chemin de pierre qui traverse un marais dans la direction du nord au sud ; ce chemin est construit avec des tronçons de colonnes, des pierres de taille, des fragmens de corniches et de piédestaux. Je n’étais pas loin Éphèse et je me trouvais tout à coup sur d’antiques ruines ; ne pouvais-je pas croire que mon cheval foulait quelques restes de l’ancienne capitale de l’Ionie, et qu’il marchait peut-être sur un dernier débris de ce fameux temple de Diane, Éphèse ne garde plus aucun vestige ?

Là, je me suis séparé de la caravane arménienne pour observer le pays avec plus de liberté ; elle a poursuivi la route d’Échelle-Neuve, et moi, suivi de mon drogman, de mon cavasi et de mon guide, je me suis dirigé du côté des lacs Silénésiens, au nord du Caystre c’est par erreur que M. de Choiseul les a placés vers l’autre rive du fleuve, au pied de la colline où s’élève l’édifice appelé vulgairement la prison de saint Paul. Ces lacs, situés à peu de distance de la mer et communiquant avec elle, sont remplis de joncs et de roseaux, et sont fréquentés par des milliers de grues et d’oies sauvages qui dans leur vol ressemblent à des nuages blancs suspendus au-dessus des eaux. La vue de ces légions d’oiseaux m’a rappeié ces vers des Georgiques, qui