Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/345

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tions ou les réponses qu’on le charge de traduire. Je ne vous parlerai point de notre chamelier assez bon homme au demeurant, mais un peu rude dans ses manières, quelquefois violent dans ses discours, et par-dessus tout entêté comme un Turc. Trois femelles de chameaux suivies de leurs petits portaient nos bagages. Nous étions tous à cheval, assis sur un bat, les jambes pendantes, et dirigeant nos montures avec un bout de corde au lieu de bride.

Nous voilà tels que nous sommes partis, de Baba le 25 juillet, à sept heures du soir. Je me suis rappelé en sortant de cette ville, que Junon dans l’Iliade partit aussi du cap Baba ou cap Lectos, lorsqu’elle alla visiter Jupiter sur le mont Gargare ; n’ayant plus de mers à traverser, dit le poète, la déesse fit le reste du chemin par terre.

Nous nous sommes avancés par une route montueuse le long de la mer. Dans les vallons et près du rivage, on voit des figuiers et des oliviers au milieu de vergers clos de murs, quelques vignes hautes et vigoureuses étalant leur verdure à travers les rochers et les pierres. Les hauteurs que nous laissions à notre droite, sont couvertes de groupes touffus de chênes nains. À mesure que nous avancions, le soleil descendait à l’horizon, et le spectacle qui charmait nos regards s’effaçait peu à peu avec le jour. Enfin, nous n’avons plus vu ni la mer que nous entendions gronder au loin ni les monta-