Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/13

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à d’autres autorités du pays ; nous voyons aussi passer beaucoup de navires qui viennent de la mer Noire et qui se dirigent vers quelque port de notre Europe, mais les Tartares ne se chargeraient pas de mes lettres, et je ne vois pas sur la mer un seul pavillon français.

Si mes lettres ne peuvent vous parvenir, il est bien plus difficile encore que les vôtres me parviennent depuis que j’ai quitté Smyrne, je n’ai reçu aucune nouvelle de France ; aucun bruit venu de l’Occident n’a frappé mes oreilles. Je frémir quand je songe à ce qui a pu se passer depuis le 7 juillet ; j’ai appris pendant cet intervalle comment Ilion est, tombé, mais je ne puis savoir si Paris est encore debout ; je n’ignore pas le sort de la famille de Priam, mais qu’est devenue la famille de saint Louis. Que sont devenus nos lois, nos libertés, nos amis dans la grande capitale ! Personne n’en sait rien ici, pas même les consuls. Je ne veux point toutefois interrompre notre correspondance ; j’espère qu’un jour la Providence se chargera de vous faire parvenir ces feuilles volantes, où-vous pourrez voir régulièrement tout ce qui m’arrive et tout ce que je sens, où les souvenirs de l’antiquité se trouvent parfois mêlés aux souvenirs d l’amitié et de la patrie, où je vous exprime chaque jour mes étonnemens pour tout ce que je vois, et mes inquiétudes pour tout ce que j’ai quitté. Je vais vous donner aujourd’hui la fidèle histoire de notre