Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/14

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voyage depuis Koumkalé, mais je crains que les détails de ce petit itinéraire ne nous paraissent peu importans, surtout si ma lettre vous arrive milieu des violentes secousses dont la société européenne est menacée, et si elle se rencontre dans la malle du courir avec la grande nouvelle de quelque royaume renversé ou détruit.

Nous sommes partis de Koumkalé hier matin après avoir salué à notre droite le tombeau d’Achille et traversé le Simoïs sur un pont de bois à moitié démolie, nous sommes entrés dans une plaine marécageuse ou rien ne pouvait frapper nos regards. Au bout d’une demi-heure de marche, nous avons traversé la petite rivière d’Halileli sur un pont de pierre bâti avec les restes du monument d’Ajax ; nous avions à notre gauche, en poursuivant notre route, le cap Rheté, sur lequel s’élève le tumulus du fils de Telamon, dont je vous ai parlé dans mes précédentes lettres ; au-delà du cap, nous nous sommes avancés sur un terrain montueux où les chemins étaient si mauvais, que nous n’avons pu rester sur nos chevaux. Ce n’est qu’en approchant de la mer que la route devient praticable, car les flots se sont chargés de l’aplanir et d’y voiturer des sables pour la commodité des voyageurs. Ici des montagnes d’un aspect triste et aride ; bordent l’Hellespont ; quelques troupeaux de chèvres noires erraient sur les lieux escarpés, conduits par des bergers couverts de peaux d’ours ou d’autres bêtes fauves de ces