veau, qui appartient aux Grecs par les souvenirs, et aux Turcs par son état présent. Je ne vous dirai pas, après mille autres, comment ce temple célèbre a été bâti par Constantin et rebâti par Justinien, converti en mosquée par Mahomet II ; les réparations qu’il a subies donnent à son extérieur quelque chose de compacte et de massif, qui ne m’a pas permis d’y reconnaître les formes élégantes et aériennes que lui prêtent les historiens et les antiquaires ; nous aurions voulu pénétrer dans l’intérieur de l’édifice, mais on ne peut y entrer sans un firman du grand-seigneur, et ces firmans ne s’accordent pas volontiers, surtout depuis la dernière guerre ; c’est une satisfaction qu’on a voulu donner au fanatisme populaire, qui souffre bien qu’on envahisse le territoire ottoman, mais qui n’entend pas que le parvis des mosquées soit souillé par la présence des infidèles. Les Turcs ont d’ailleurs un pressentiment que Sainte-Sophie retombera un jour dans les mains des Chrétiens, et ce pressentiment ou cette prédiction ajoute encore à leur humeur ombrageuse et jalouse. Il faut donc renoncer à voir l’intérieur du temple, ou bien attendre que la prédiction s’accomplisse. Jusque-là, nous nous en tiendrons aux volumineuses descriptions, que nous ont laissées Pierre Grelot et d’autres voyageurs. Sainte-Sophie n’est pas, la seule, église, qui ait été convertie en mosquée. Les plus beaux, temples des Chrétiens ont subi la même profanation ; quelques--