Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

profonde, il n’inonde jamais ses rivages ; tour à tour il tient lieu de barrière à l’Asie et à l’Europe, et sert de moyen dé communication entre des peuples voisins ou éloignés. Je ne vous parlerai point de la sœur de Phyxus, qui, en se noyant dans cette mer, lui donna son nom ; au temps de l’expédition des Argonautes, l’Hellespont était déjà très-fréquenté ; la navigation d’un détroit qui réunit trois mers, excita souvent la jalousie des peuples les plus renommés par leur puissance et leur industrie maritime. La poésie a dit que la Grèce prit les armes contre Ilion, pour venger l’enlèvement d’Hélène et la cause de l’hymen outragé ; mais l’histoire pourrait dire aussi que l’empire de Priam fut renversé par les Grecs, parce qu’il leur fermait les portes de l’Hellespont. Plus tard, les flottes de Sparte et d’Athènes se disputèrent dans plusieurs combats l’empire de cette mer ; dans la plus haute antiquité, il n’est point de nation maritime qui n’étendit jusque-là ses relations, qui n’eût sur les rivages d’Hellé des établissemens ou des colonies ; c’est ce mouvement du commerce et de la navigation qui fit naître toutes les villes dont le voyageur foule aujourd’hui les ruines, en parcourant les rivages du détroit.

Je me suis quelquefois étonné que les mers n’aient pas eu leurs historiens, comme les îles et les royaumes du continent ; les annales de l’Hellespont auraient pour nous un très-grand intérêt. Combien