Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/18

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de fois, cette mer a change de domination ! que de nations elle a vues s’établir autour d’elle que de conquérans, que de peuples civilisés ou barbares l’ont traversée, pour aller soumettre ou défendre des pays lointains ! Que d’expéditions aventureuses, gigantesques, héroïques, depuis celles du navire Argo, de Xerxès et d’Alexandre, jusqu’au passage des croisés de Venise et de Champagne, qui allaient à la conquête de Byzance, et à celui des Turcs qui se précipitaient sur l’Europe chrétienne ! Maintenant les flots de l’Hellespont s’écoulent et murmurent sans garder un souvenir ni la moindre trace de la gloire et des grandeurs qu’ils ont vues passer ; les rives du détroit n’ont que des ruines vaines, témoignage incertain et muet ; l’histoire générale et la poésie ne nous offrent sur cette mer que des traditions confuses et des pages dispersées çà et là. Un jour viendra peut-être où le monde civilisé portera de nouveau ses regards vers l’Orient ; alors s’élèveront d’autres cités, se formeront d’autres empires, et la mer d’Hellé retrouvera sa gloire.

Les montagnes qui bordent l’Hellespont, paraissent toutes formées de sable ou de terre végétale ; on n’y aperçoit ni couches de granit ni couches de pierres calcaires. Nous n’avons pu observer que de loin les côtes d’Europe ; elles semblent moins favorisées de la nature, et présentent des aspects moins variés que les côtes d’Asie. On y trouve à peine quelques ruisseaux et quelques fon-