Nous avons visité, sur la quatrième colline, la colonne de Marcien ; elle est de marbre blanc et d’un seul bloc ; elle a soixante-quinze pieds de hauteur, son Chapiteau et sa base sont fort endommagés : on y remarque des aigles romaines et la représentation presque effacée, d’une femme, ce qui l’a fait appeler par les Turcs la Colonne de la Fille. L’emplacement de cette colonne était autrefois un jardin clos de murs ; maintenant c’est un lieu découvert où croissent les orties et les mauves sauvages.
La colonne d’Arcadius, élevée sur la septième colline, en face de l’ancien port des Galères, attire encore les voyageurs. On la regardait comme la rivale des colonnes de Trajan et d’Antonin ; il n’en reste plus que la base, haute d’environ quatorze pieds, et dans laquelle se trouve un escalier orné de quelques bas-reliefs. À ce piédestal est adossé la hutte d’un pauvre Turc qui vit de la curiosité des étrangers : il est le seul habitant du quartier qui ne s’étonne pas qu’on vienne voir un amas de pierres, ou plutôt un rocher informe, auquel les incendies ont ôté son éclat et sa couleur naturelle. Il se plaignait à nous de ce que le nombre des curieux avait beaucoup diminué : depuis trois mois, il n’avait pas gagné de quoi fumer un chibouk. Sa baraque de bois tombait en lambeaux ; il aurait bien voulu que nous prissions pitié de ses propres ruines, et que la curiosité des amateurs l’aidât à se mettre à couvert de la pluie et du vent.