Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/171

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les seuls ornemens qu’on puisse remarquer dans les villes d’Orient.

Autrefois, la jeunesse turque se livrait à l’exercice du djerid dans la place de l’At-Méidan ; on y voyait accourir un grand nombre de spectateurs, beaucoup de femmes surtout qui venaient admirer la vitesse des chevaux arabes ou tartares, et l’adresse des jeunes itch-oglans. Depuis qu’on s’est occupé de réformer la discipline militaire ; l’exercice du djerid est passé de mode : il passera tout à fait comme la course des chars et les jeux du cirque. On ne voit plus dans l’At-Méidan que les soldats des nouvelles milices rangés à la file et s’exerçant à la manœuvre européenne.

Non loin de l’At-Méidan, et sur la troisième colline, on va voir une colonne qu’on appelait autrefois la colonne Purpurine, et qu’on nomme maintenant la colonne Brûlée. Une multitude d’échoppes, adossées au piédestal, empêchent d’en approcher, et ces échoppes resteront là jusqu’au premier incendie. La colonne Brûlée, enlevée à Rome, portait une belle statue d’Apollon, devenue ensuite la statue de Constantin. Elle est formée de pièces de porphyre que le feu a noircies, et garnie de cercles de cuivre en bosse, qui cachent les jointures des pierres. Ces cercles de cuivre ressemblent à des chaînes, et la colonne d’Apollon m’a représenté de loin le génie des arts captif chez les Barbares.