Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/195

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de ce spectacle sans y prendre garde. Les exécutions ne font pas foule à Stamboul par deux raisons : le public n’aurait pas le temps d’être averti, puis on fait trop peu de cas de la vie d’un homme pour qu’on ait la moindre curiosité de le voir mourir.

La police de la capitale se permet assez rarement des visites domiciliaires, ce qui sauve quelques victimes innocentes, mais souvent aussi des coupables ; on ne peut violer un domicile qu’avec un firman du sultan. Le crime profite plus que l’humanité et la vertu du privilège accordé à là sainteté des foyers domestiques. La religion musulmane étend son voile sur l’intérieur des familles ; la justice elle-même, fille des cieux, ne saurait pénétrer dans, un harem ; les harems ont des attentats qui font frémir, et la police ne peut les rechercher. Combien de crimes contre la nature et contre la famille, combien d’actes de violence et de trahison semblables à ceux qui font retentir nos tribunaux se commettent journellement à Stamboul et restent, ensevelis dans des ténèbres sacrées !

Vous devez bien croire que la police politique n’est pas négligée sous un gouvernement jaloux et ombrageux comme l’est celui des Turcs. Cette police réserve ses plus grandes rigueurs pour les momens de crise ; c’est alors qu’on envoie des hommes déguisés, même des femmes, dans tous les lieux publics, tels que les cafés et les bains. Il est même arrivé dans les dernières révolutions que le gouver-