Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’avril. Il a été question d’établir dans l’Hellespont des bateaux à vapeur destinés à remorquer les navires, pour les faire avancer contre les courans et les vents ; l’exécution de ce projet serait d’un très-grand avantage pour la navigation ; mais dans ce pays-ci, tout va si lentement ! Il est possible aussi que les capitaux hésitent à se risquer dans une grande entreprise peu compatible avec l’état présent des, choses en Turquie, où l’avenir est plus incertain que partout ailleurs, où il est presque toujours dangereux de spéculer sur des nouveautés venues de l’Occident.

À peine avions-nous dépassé la pointe des Barbiers, que les montagnes de la rive asiatique nous ont montré un magnifique spectacle. Tout l’horizon était couvert de nuages de fumée, qui s’élevaient par-dessus les sommets des monts et que le vent du nord poussait avec rapidité vers le midi. À mesure que nous avancions, ces nuages s’amoncelaient sur nos têtes, et quelques éclairs, quelques brillantes étincelles se mêlaient à la fumée blanche et livide qui semblait sortir d’une fournaise immense ; c’était un vaste incendie allumé dans les forêts voisines, et bientôt le pays nous a paru tout en feu. Des tourbillons d’une flamme rouge couraient sur les hauteurs, descendaient dans les vallées, dévoraient tout ce qu’ils rencontraient sur leur passage, et s’étendaient sur un espace de plusieurs milles. J’ai fait à ce sujet quelques ques-