Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/216

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j’ai acquis la certitude que chaque mosquée a ses chats destinés à poursuivre les souris qui rongent les tapis et les nattes, et que dans plusieurs mosquées impériales, on fait deux ou trois fois par semaine des distributions de viande aux chats du quartier ; ces sortes de distributions sont le produit de legs pieux. Chaque année, au retour de la belle saison, on adresse au sultan une supplique en faveur des hôtes des bois, menacés par les chasseurs, et c’est une colombe ayant un papier doré suspendu au cou qui présente la requête ; cet usage est très ancien, et la révolution ne l’a point fait abroger. Lorsqu’il arrive dans le port un bâtiment chargé de grains, on voit accourir une foule de tourterelles et de pigeons ramiers qui viennent prendre la part réservée aux oiseaux du ciel, et restent paisiblement sur des monceaux de blé comme des convives autour d’un festin. Des milliers de goëlans voltigent sans cesse dans le hâvre et sur le Bosphore ; ils s’approchent des caïques remplis de passagers, comme s’ils n’avaient rien à craindre de la présence de l’homme ; jamais personne ne leur fait aucun mal et ne cherche à troubler leur sécurité. Cette bienveillance pour les animaux fait honneur aux Osmanlis ; de pareils sentimens mériteraient tous nos éloges, s’ils n’excluaient quelquefois l’humanité. Les Turcs, si pleins de compassion pour un chameau ou pour un cheval, si pleins de tendresse pour les oiseaux, n’ont jamais de pitié