Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/224

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rale des bazars les plus renommés. La plupart ressemblent à de grandes baraques de bois rangées à la file comme dans une foire ; ici c’est une allée garnie de maroquins de toutes les couleurs, là c’est une longue avenue où brillent les schals des Indes, les mousselines du Bengale, les fourrures d’hermine, plus loin vous voyez la porcelaine de la Chine, l’acier de l’Inde, le verre d’Alep, les diamans de Golconde, les perles du cap Comorin, et du golfe Persique. Les acheteurs et surtout les curieux affluent toujours dans ces besestins ; le grand nombre de femmes turques qu’on y rencontre, et qu’il n’est pas permis de coudoyer, vous arrête sans cesse dans votre marche, et souvent une matinée ne vous suffit point pour parcourir deux ou trois bazars. Les boutiques, n’ont d’autre ornement que les marchandises qu’on y étale et qui sont toujours disposées avec art. Le plus riche marchand n’occupe pas beaucoup de place dans sa boutique ; le musulman ou l’Arménien qui étale des trésors autour de lui, n’a besoin que de trois ou quatre pieds carrés sur une pauvre estrade.

Les marchands ont des tailles comme chez nous les boulangers ; lest grains de leur rosaire les aident quelquefois dans leurs calculs ; ils n’ont point de commis, tiennent peu d’écritures et font souvent des comptes assez considérables avec le seul secours de leur mémoire. Les gens qui fréquentent les bazars disent que, lorsqu’on fait une emplette, il faut