Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/234

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ques autres quartiers de la capitale. Ce peuple a partout des comptoirs et des correspondans ; on le rencontre dans tous les bazars, dans toutes les caravanes, dans toutes les associations industrielles ; les Arméniens sont beaucoup plus riches que les Grecs, et c’est une des raisons pour lesquelles les Turcs les estiment ; ils ont la garde des bazars ; les grands de l’Empire leur accordent facilement leur confiance, et choisissent parmi eux leurs gens d’affaires et leurs fournisseurs. Depuis plus d’un siècle, la Porte a mis les Arméniens en possession exclusive de la fabrication des monnaies ; l’exil et les supplices ne sauraient les détourner de cette périlleuse, industrie. La nation arménienne a un patriarche qui est a lui seul un gouvernement ; c’est à lui que la Porte s’adresse pour tout ce qui regarde la nation et surtout pour les impôts.

L’Église arménienne a été troublée et divisée dans ces dernières années ; Les doctrines d’Eutichès et celles de l’Église latine, se sont trouvées en présence et se sont déclaré une cruelle guerre ; les uns invoquaient l’autorité de Rome ; les autres, ayant à leur tête le patriarche, plus nombreux, plus adroits, plus accrédités au sérail, invoquaient l’appui du sultan. Ces derniers ne craignirent point d’appeler à leur aide le mensonge et la calomnie. Le Divan, soit qu’il se fût laissé surprendre les imputations de la haine, soit qu’il fût séduit par l’appât des confiscations, finit par servir de toute sa puis-