Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/235

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sance un fanatisme persécuteur, et s’abaissa jusqu’à lui prêter ses bourreaux. Tous les Arméniens restés fidèles à l’Église romaine, furent exilés et leurs biens confisqués au profit du Sultan. L’ambassade de France, qui protège tous les catholiques d’Orient, n’avait pu prévenir cette calamité ; mais elle a fait les plus grands efforts pour la réparer et pour adoucir le sort des victimes. Le zèle et le soin généreux du général Guilleminot ont déjà obtenu le rappel de plusieurs proscrits, auxquels on a rendu leurs propriétés ; mais ce ne sont là que des réparations individuelles ; le principe du mal subsiste, la nomination même d’un évêque latin annonce assez que le schisme est consommé, et que les deux sectes arméniennes sont séparées par une barrière éternelle.

J’aurais pu vous parler de la différence qui existe pour le caractère et les mœurs, entre les Arméniens des deux sectes ennemies ; mais je n’entre pas ici dans les détails ; je ne vous parle que de la nation en général ? Quoique cette nation ait été troublée par des divisions intérieures, elle passe cependant pour la plus pacifique des nations établies à Stamboul. Elle n’a point de haine violente contre les sectes rivales ; celles-ci, à leur tour, la respectent et la laissent en paix. Le principal caractère des Arméniens est une indifférence complète pour tout ce qui ne touche point à leurs intérêts ; ils se rapprochent des Turcs par quelques-unes