Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

c’est la que nous avons dîné. Toute la caravane s’est étendue par terre ; des branches d’arbre et des feuilles de chênes nains nous servaient de sopha et de table ; nous causions avec nos muletiers sur les pays que nous venions de traverser, lorsqu’il est arrivé auprès du puits deux musulmans qui d’abord ont fait leurs ablutions et leur namaz, et sont ensuite venus s’asseoir ou plutôt s’accroupir auprès de nous ; nous avons facilement reconnu à leur costume que c’étaient deux dervisches ; l’un d’eux paraissait être un Scheik ; il portait un habit de drap vert ; le second portait une espèce de manteau ou robe de feutre noir ; tous deux avaient un long bonnet d’étoffe grise, terminé en pointe ; à leur ceinture pendait un long rosaire de 99 grains ; nombre sacré qui est celui des attributs donnés à la divinité. J’ai prié notre interprète de saluer, de notre part, les deux dervisches, et de leur exprimer le plaisir que nous donnait leur rencontre dans ce lieu désert. Le Scheik a répondu par un sourire gracieux ; j’ai demandé aux dervisches d’où ils venaient ; ils se sont tournés vers l’Orient, et nous ont montré les montagnes boisées qui s’élèvent de ce côté ; ce pays est désigné sur nos cartes par ces mots un peu vagues : pays couvert de bois. Ce pays couvert de bois est arrosé par une foule de ruisseaux et de rivières, sortis des chaînes septentrionales de l’Ida ; il est traversé par deux routes qui conduisent de Pergame et de Magnésie aux Dardanelles ; cette