Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/23

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ment que de rencontrer un homme. Nous n’avons aperçu jusqu’ici aucune habitation, ni cabane, ni café ; nous ne voyons que des puits et des fontaines construits en pierre. Ces monumens agrestes donnent de la vie aux solitudes que nous traversons, et nous rappellent de distance en distance que l’humanité a passé par là. L’Évangile, qui place un verre d’eau parmi les trésors de la charité, nous dit qu’on peut à ce prix acheter le royaume du ciel ; cette maxime de l’Évangile qui n’est pas prise à la lettre dans nos climats humides de l’Occident, est une vérité pratique chez tous les peuples que le soleil d’Orient brule de ses feux. L’hospitalité des Orientaux, comme nous, l’avons vu jusqu’ici, ne fait pas de grands frais pour la réception des étrangers, mais, on est sûr du moins de rencontrer partout, même dans les lieux les plus déserts, une eau claire et limpide, pour se rafraîchir et pour étancher sa soif. Les Turcs, qui laissent tout tomber autour d’eux, ne négligent pas d’entretenir les fontaines et les puits, placés sur les chemins ; c’est un devoir religieux qu’ils manquent rarement de remplir ; je ne m’arrête jamais devant ces monumens de leur piété, sans bénir la vertu hospitalière qui les a fondés.

Le soleil était au milieu de son cours, lorsque nous sommes arrivés dans une clairière, au milieu de laquelle est un puits à l’usagé des voyageurs ; le lieu était fort commode pour faire une halte, et