Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/261

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diction ? S’adressent-ils à la tête que le marbre recouvre, ou bien au cadavre resté loin de là ? Vont-ils de l’un à l’autre ? C’est une question que je soumets aux docteurs de l’islamisme ; quelques-uns, m’a-t-on dit, s’en sont occupés, mais ce qu’ils ont décidé n’est pas parvenu à ma connaissance.

Dans les cérémonies funèbres des Musulmans, comme vous avez pu le voir, tout se fait en silence ; point de pleurs, point de gémissemens, point de sanglots. On regarde comme impie de se frapper la tête, de se meurtrir, le visage ou de jeter des cris lugubres. Chaque mort est déposé dans la tombe au nom de Dieu, au nom du peuple soumis au prophète de Dieu. Lorsqu’un musulman est enseveli, il subit dans la tombe même un interrogatoire devant les anges Nakir et Moukir, et comme si on craignait qu’un mort pût oublier que Dieu est Dieu, et Mahomet son prophète, l’iman répète sur chaque cercueil la profession de foi des vrais croyans. Ainsi, la tombe est pour les Turcs la continuation des épreuves de cette vie, et cette croyance, qui anime à leurs yeux les tristes solitudes du trépas, ajoute encore à leur respect pour les morts.

La loi défend de marcher sur une tombe, de s’y asseoir, et même d’y réciter le Namaz. Aussi, le silence le plus profond règne-t-il sous les ciprès consacrés à la sépulture des Turcs. Aux yeux des Osmanlis, le silence et le repos sont les attributs les